Notre drapeau et notre hymne républicain n'appartiennent pas au front national mais à tous les Français.
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Jean-Louis Bianco, l’ex-directeur de campagne de Ségolène Royal, affirme que «le PS a besoin d’une ligne claire et d’une majorité large», sans «aucune exclusive», et parle d’«étape historique».
Avez-vous été surpris par le résultat du vote des militants socialistes ?
Ce n’est pas une surprise pour moi. J’avais senti dans tous les déplacements des dernières semaines une poussée pour notre motion. Je n’étais pas certain du résultat mais je pensais qu’on serait devant. Il y a eu une dynamique de fin de campagne pour nous. Même si tous les militants sont bons, nous avions des militants encore plus motivés.
Comment expliquez-vous que Ségolène Royal soit arrivée en tête ?
Ni Ségolène Royal, ni son équipe n’ont attaqué les autres, et cela a été très apprécié par les hésitants. Ségolène a fait une très bonne campagne, notamment dans ses propositions sur la crise. Et l’histoire de la baisse du coût de la cotisation à 20 euros a joué, même si ce n’est pas décisif. Certains nous ont attaqué sur le thème du «on achète le vote», mais c’était un procès d’intention de mauvaise fois et ça a montré leur énervement.
Quels sont les enseignements du vote ?
Qu’il faut être modeste. Certains ont peut-être manqué de modestie. Ensuite les gens aspirent à un renouveau, que nous ne sommes pas seuls à représenter d’ailleurs. Le parti doit s’ouvrir sur la société et sortir de son ornière. Il doit faire apparaître une nouvelle génération et ne pas être confisqué par les apparatchiks.
Quelles autres motions représentent aussi le renouveau ?
Le pôle écologique et utopia, mais aussi Martine Aubry et Benoît Hamon d’une certaine manière. Delanoë, moins. Le fait qu’il soit soutenu par Jospin, Hollande et Rocard, a fait apparaître la motion A comme une équipe sortante, même si c’est un peu injuste.
Avec qui pouvez-vous construire une majorité ?
Nous n’avons aucune exclusive. Ségolène Royal a appelé les responsables de toutes les motions. Nous avons des points de convergence avec Aubry, mais pas seulement. Avec Hamon aussi, et nous avons également des choses en commun avec Delanoë et son équipe. Le PS a besoin d’une ligne claire et d’une majorité large. Les deux seraient très bien. On ne veut pas d’une majorité à 51%. Le PS est dans une situation d’étape historique. Si on réussit ce congrès, il y a une analogie avec celui d’Epinay. Mais les discussions doivent se faire dans la clarté, devant les militants et les Français, pas dans une obscure nuit de congrès. Nous souhaitons un accord clair sur la rénovation du parti, son mode de fonctionnement, avec une consultation fréquente des militants, l’adhésion à 20 euros. Nous devons faire du PS un parti de masse. Et la priorité doit être d’apporter aux réponses aux problèmes des Français et à la crise. Si nous nous mettons d’accord sur ces points dans un texte, notre volonté et de s’ouvrir à tous.
Craignez-vous un TSR, c’est-à-dire le Tout sauf Royal, de la part des autres motions ?
Non. Cela aurait été possible avec un autre résultat, si chaque motion était au même niveau. Mais là, je ne vois pas comment les autres motions pourraient se regrouper. Je ne crois pas à une alliance entre Aubry et Delanoë. Ils ont un sentiment de responsabilité. Et s’il y a une telle entente, ils seront désavoués par les militants. Ce serait ne pas respecter leur vote.
Comment interprétez-vous les propos de François Hollande sur le vote pour Royal qui «ne lui permet pas d'être majoritaire dans le Parti socialiste» ?
Je ne sais pas. Il avait appelé à ce qu’une motion soit en tête le plus largement possible. Ce n’est pas celle qu’il a soutenue. Il se contredit un peu. Mais ce qui compte c’est le rassemblement, y compris avec François Hollande, si c’est possible.
Pour le poste de premier secrétaire du PS, les hypothèses Peillon et Dray sont-elles toujours valables ou Royal doit-elle maintenant sortir du frigidaire sa candidature pour le poste ?
Je n’en sais rien. Ce n’est vraiment pas la question prioritaire. Il faut d’abord savoir sur quelle majorité on peut se baser.
Vous ne vous attendez pas à un congrès difficile ?
Je ne crois pas. A travers ce que j’ai entendu d’Aubry et d’Hamon, j’ai l’impression qu’ils sont plutôt dans la même optique que nous. Delanoë, je ne sais pas. Il a fait un communiqué pour dire qu’il ne voulait pas d’alliance avec le Modem. Ce n’est le sujet du jour. Mais ils sont aussi des gens responsables. Je suis assez optimiste. Tout le monde veut éviter la nuit de synthèse obscure à Reims. Les militants ne le supporteraient pas.
François Vignal / Libération
Avec l'aide involontaire des dirigeants socialistes, Ségolène Royal est en train de s'imposer comme une figure de l'anti-système, comme l'a fait en son temps Nicolas Sarkozy, estime le politologue Dominique Reynié.
Alors qu'elle semblait en perte de vitesse, l'ancienne candidate à l'Elysée est arrivée en tête du vote des militants du Parti socialiste jeudi soir sans toutefois pouvoir construire toute seule une majorité afin de prendre la tête du PS.
Depuis sa défaite présidentielle, en mai 2007, les hiérarques du PS ont essayé de la marginaliser sans y parvenir, rappelle Dominique Reynié, lors d'un entretien à Reuters.
"Plus ils montrent qu'ils ne la veulent pas, plus ils la légitiment. Ils ne la poussent pas dehors, ils la poussent devant", déclare-t-il vendredi.
Résultat: "ils en ont fait une figure anti-système", juge l'analyste.
Au PS, de tous temps, les leaders "préfèrent mais n'aiment pas. Cela relève presque de la psychanalyse", plaisante-t-il.
A ses yeux, le soutien d'une grande partie de la direction sortante à Bertrand Delanoë était le fruit d'une tactique plus qu'un vrai choix sur le fond.
L'universitaire dresse un parallèle entre Ségolène Royal avec le Nicolas Sarkozy de la période 2004-2007, quand, ministre de l'Intérieur, le futur chef de l'Etat s'est démarqué de son propre camp, prônant la "rupture" avec les années Chirac et tissant un lien direct avec les Français.
Comme lui, "Ségolène Royal a compris ce que la société française demandait. Elle est dans la mise en scène de la rupture par rapport au monde qui se dérobe", analyse-t-il.
Militante du non-cumul des mandats, Ségolène Royal ne siège plus à l'Assemblée nationale depuis juin 2007.
Pendant la campagne interne du PS, elle s'est volontairement tenue au-dessus de querelles d'appareil.
Elle a tenu un discours beaucoup plus à gauche que d'ordinaire, s'adressant aux Français lors de meetings d'une nature nouvelle, comme son inattendu "rassemblement de la fraternité", à Paris en septembre.
Ce jour-là, "les dirigeants socialistes l'ont moquée mais ils ont eu tort car elle inventait quelque chose à elle", commente Dominique Reynié.
"Elle se met du côté de l'opinion et ses ennemis (au sein du PS) l'aident beaucoup. Ils valident son statut à part".
Laure Bretton / Reuters
« Les militants socialistes exigent d'abord le changement : ils ont choisi Ségolène Royal pour le mener. »
Tel est le message très clair que les militants socialistes nous ont adressé hier soir en dessinant une vraie majorité pour diriger leur parti, celle des rénovateurs dans leur diversité. Avec un leader pour mener le changement, rassembler les tenants des différentes motions et synthétiser leurs propositions: Ségolène Royal.
Dès lors qu'on s'accorde sur cette analyse, il faut considérer le choix des militants socialistes comme sans appel, et le respecter pleinement. Il faut que tout le monde, sans exception, travaille désormais dans ce sens:celui de la rénovation en profondeur de l'appareil et du fonctionnement du Parti socialiste.
Rénovation avec la plus « atypique » des candidates qui arrive en tête, rénovation avec le plus jeune des candidats qui fait un score remarquable, rénovation encore avec les grands élus locaux en responsabilité dans les territoires mais qui étaient jusqu'alors oubliés de Solferino.
Alors quel visage pour la direction qui sortira du Congrès, le 20 novembre prochain ? Celui que promettaient chacun de ces grands gagnants du suffrage : une équipe nouvelle, rajeunie, féminisée, décentralisée, diversifiée. En un mot, une équipe qui change, avec des personnalités issues de toutes les motions qui ont fait ce choix, clairement.
C'est peut-être ce qui dérange et inquiète aujourd'hui celles et ceux qui regrettent les résultats d'hier soir en travestissant une réalité désagréable pour eux.
Car, oui, l'exigence de changement fera des victimes dans l'équipe sortante, mais tous ceux qui accepteront le choix des militants et iront de l'avant auront leur place dans la nouvelle majorité.
C'est une très bonne nouvelle pour le Parti Socialiste et l'avenir de la gauche dans notre pays."
Najat VALLAUD BELKACEM
Adjointe au Maire de Lyon
Ségolène Royal, en lice pour la conquête du PS au congrès de Reims, a souhaité que "l'Amérique métissée" qui a porté à sa présidence Barack Obama fasse "progresser partout la fraternité mondiale".
"L'élection de Barack Obama est un extraordinaire message d'espoir. C'est un changement d'époque car le monde vient de franchir un nouveau cap", affirme-t-elle dans un communiqué. "Je forme le voeu que l'Amérique métissée fasse du même coup progresser partout la fraternité mondiale".. "Trois chantiers doivent désormais avancer en partenariat avec l'Europe. Premièrement, résoudre la crise sociale et financière en changeant les règles du jeu; deuxièmement, agir pour la paix; troisièmement, lutter contre le réchauffement planétaire".
Avec AFP