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3 juin 2008 2 03 /06 /juin /2008 18:06

Par Thomas Piketty
QUOTIDIEN : mardi 3 juin 2008
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Disons-le d’emblée : le débat entre Ségolène Royal et Bertrand Delanoë n’a pour l’instant pas atteint le niveau que l’on est en droit d’attendre. La querelle sur le libéralisme se situe sur un plan trop général pour être vraiment utile. Oui, la liberté économique est évidemment inséparable de la liberté politique, et elle est une valeur en soi. Mais les choses sérieuses ne commencent que si l’on accepte de débattre des politiques publiques concrètes permettant de faire en sorte que chacun soit libre et maître de son propre destin, que chacun ait réellement accès aux droits et opportunités les plus étendus possibles. Se proclamer libéral, ou antilibéral ne suffit pas pour définir un projet politique. La compétition qui s’annonce est certes légitime - la période 2002-2007 a suffisamment montré à quel point repousser sans cesse les choix de personnes était le plus sûr chemin pour la glaciation intellectuelle et programmatique. Mais il est maintenant urgent que les candidats sortent des généralités et donnent du contenu à leurs projets.

Trois chantiers en particulier méritent d’être mentionnés. La priorité absolue, c’est l’investissement massif dans le capital humain et l’économie de la connaissance. L’objectif est d’avoir les emplois les plus qualifiés du monde, afin que la France tire le meilleur parti possible de la mondialisation. Ce n’est pas avec quelques heures supplémentaires en plus que nous trouverons notre place face à l’Inde et la Chine. Le drame est que l’on donne l’illusion d’un consensus sur cette question, alors qu’en réalité on ne fait rien ! Les pays scandinaves investissent trois fois plus que nous dans leurs étudiants. Ce retard ne pourra être comblé que si l’on a une priorité budgétaire et une seule. Pour être crédible sur cette question, la gauche doit démontrer l’imposture du gouvernement actuel et décortiquer ses budgets en trompe-l’œil, puis s’engager sur un plan de financement précis sur dix ans. Alors seulement la question cruciale de l’autonomie des universités pourra être posée sur de bonnes bases. La liberté dans la pauvreté, cela ne marche pas : «free to choose» (libre de choisir), clamait Milton Friedman ; «free to lose» (libre de perdre), répondait la gauche américaine.

Le second chantier prioritaire, c’est une refonte générale de nos régimes de retraites. A force d’empilement, le système est devenu si complexe qu’il apparaît incompréhensible et anxiogène. Il faut sortir du rafistolage permanent et remettre à plat l’ensemble du système. Il existe des solutions. Les sociaux-démocrates suédois ont mis en application un principe clair : à cotisation égale, retraite égale. Les droits à la retraite sont comptabilisés sur un compte individuel de cotisations, consultable à chaque instant sur Internet. La retraite devient enfin le patrimoine de ceux qui n’ont pas de patrimoine. Si les individus changent de statut, ils ne perdent rien. Actuellement en France, beaucoup d’années de cotisations sont perdues, par exemple pour les salariés qui ont passé moins de quinze ans dans la fonction publique. Ce système est l’ennemi du mouvement et de l’initiative.

Le troisième chantier prioritaire, c’est une révolution fiscale permettant de réconcilier les citoyens avec l’impôt. Là encore, il faut partir d’un principe simple d’équité et de transparence : à revenu égal, impôt égal. Or, ce principe minimal est miné par la multiplication des niches fiscales et la complexité des barèmes d’imposition. Il faut procéder à une remise à plat de l’ensemble de l’impôt sur le revenu et de la CSG, en les fusionnant et en les remplaçant par un impôt progressif unique prélevé à la source, avec un barème compréhensible exprimé en taux effectif directement applicable au revenu, afin que chacun puisse comprendre le plus simplement possible qui paie quoi (principe introduit par le Front populaire en 1936, mais supprimé par Vichy en 1942 !). Cet impôt devrait être calculé au niveau de l’individu et non du couple, car cela pénalise le travail féminin. Et méfions-nous des faux consensus. Dans l’abstrait tout le monde est d’accord pour moderniser l’impôt et supprimer les niches fiscales. Mais en pratique le gouvernement passe son temps à en créer de nouvelles. C’est un jeu à somme nulle, car on est obligé de se rattraper sur ceux qui n’en bénéficient pas. Pour sortir de ce cercle vicieux, les responsables politiques doivent prendre des engagements précis et fermes.

Ces trois chantiers concrets ont un point commun : ils visent à permettre aux citoyens de se réapproprier la chose publique, et par là même leur propre destin.

Thomas Piketty est directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’Ecole d’économie de Paris.

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3 juin 2008 2 03 /06 /juin /2008 17:59

LA REPUBLIQUE DES PYRENEES
Jean-Michel Helvig

"(...) Dans ce registre, les " reconstructeurs " font très fort en amalgamant des gens qui sur le plan de l'intégration européenne, de la conception de l'économie, du rôle de l'Etat et des syndicats dans la politique sociale, ou même des réformes de société, n'étaient d'accord sur pas grand chose jusqu'à ce qu'il y a peu. On attend toujours de voir ce sur quoi ils s'accordent désormais, sinon pour éliminer des rivaux dangereux. François Hollande qui n'est pas de l'opération, mais cherche aussi à neutraliser Ségolène Royal et Bertrand Delanoë, a au moins l'habileté, sinon la simplicité de poser de bonnes questions avant d'asséner de fausses réponses. C'est, à tout prendre, plus convenable que les propos fielleux de Martine Aubry à l'égard de Ségolène Royal qui, s'ils étaient exprimés dans la voix d'un homme, seraient à juste titre dénoncés comme méprisants et machistes."

LE MIDI LIBRE
Michel Noblecourt

"(...)La réunion des 'reconstructeurs' a été le rendez-vous des faux- semblants. Au-delà de quelques généralités sur le marché et la mondialisation, il s'agit d'un rassemblement hétéroclite où se retrouvent des partisans du oui et du non au référendum de 2005 sur l'Europe qui n'ont pas d'idée commune sur la rénovation du PS. Chaque sensibilité va présenter, fin juin, sa propre contribution avant d'envisager une éventuelle motion commune. Faux-semblant aussi sur le leader à opposer à Mme Royal ou à M. Delanoë. Mme Aubry a fait son retour au PS mais elle juge que son éventuelle candidature au poste de premier secrétaire est très prématurée. Les strauss-kahniens sont divisés. Pierre Moscovici, candidat déclaré, refuse d''adouber un troisième présidentiable'. Et Manuel Valls, absent de la réunion, plaide pour une relève 'générationnelle'. Point mort."

SUD-OUEST
Franck De Bondt

"(...) La participation à cette coalition de Martine Aubry -l'autre femme du PS qui est l' antithèse de Ségolène Royal- est une indication majeure. La maire de Lille ne cache pas sa détestation du style Royal, à qui elle reproche son égocentrisme et son populisme racoleur. Son moteur : retrouver au Parti socialiste la place que Ségolène lui a volée. Après une courte traversée du Nord, sa réélection triomphale à la mairie de Lille, fondée sur un bon bilan et un rassemblement extra-large autour de sa personne, l'a rassérénée. Si les " reconstructeurs " s'entendent pour couper la route aux deux échappés, Royal et Delanoë, ils ne sont pas encore prêts à rouler pour Martine Aubry. Pour l'instant, celle-ci ne jure que par le travail collectif de remise à jour du programme socialiste. Mais à l'heure des comptes, elle ne désespère pas d'incarner elle-même la rénovation, ainsi que cette " troisième voie " dont on sait seulement qu'elle devra être différente de celles qui ont conduit la gauche à perdre trois fois de suite l'élection présidentielle."

L'ALSACE
Patrick Fluckiger

"(...)D'ailleurs Martine Aubry a balancé quelques rafales en direction de Ségolène Royal et de Bertrand Delanoë, choisissant de faire un carton sur l'ordre juste de l'une et sur le " libéralisme " de l'autre, notamment. La Dame des 35 h a décidément une méthode bien à elle pour assurer la paix civile. Une méthode qu'il ne faut surtout pas enseigner aux casques bleus du Kosovo et du Liban, si on veut maintenir le calme dans ces régions ! Pierre Moscovici, qui est candidat déclaré au fauteuil de premier secrétaire - et membre du " pôle des reconstructeurs " au titre des amis de DSK - , s'est montré agacé par la médiatisation de la maire de Lille. Il voit poindre, non sans raison, le nez d'un " troisième présidentiable ". Et s'il n'y en avait que trois... Il va falloir d'urgence convoquer un conseil de sécurité pour pacifier les pacificateurs."

LIBERATION CHAMPAGNE
Jorge D'Hulst

"(...) Comme ni Ségolène Royal, ni Bertrand Delanoë ne semblent s'imposer auprès des militants socialistes, il existe un espace pour un troisième homme ou femme. Et Martine Aubry entend à l'évidence jouer un rôle de premier plan dans les mois à venir. Déjà, elle donne le sentiment d'être l'élément fort des reconstructeurs. De tous, c'est elle qui l'a nettement emporté hier à l'applaudimètre. Or, avant d'apparaître davantage au grand jour, elle avait déjà marqué des points en obtenant que le congrès du PS se déroule à Reims. Ce qui sera un avantage pour elle puisque cette ville est détenue depuis mars par une de ses proches, Adeline Hazan. Sauf que pour Martine Aubry prendre le PS ne voudra pas forcément dire acquérir un avantage décisif pour 2012. Car il serait étonnant, qu'au sein des reconstructeurs, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn tirent un trait sur leurs ambitions."

LA REPUBLIQUE DU CENTRE
Jacques Camus

"Et si le "troisième homme" que se cherche avidement le PS pour échapper au duel Royal-Delanoë était, en fait, une "deuxième femme"? Autrement dit, Martine Aubry. Le nom de la maire de Lille se réinstalle avec de plus en plus d'insistance sur la scène nationale, sans qu'on sache vraiment s'il s'agit d'une nouvelle lubie médiatique ou d'un vrai "désir d'Aubry" au sein du parti. À moins que ce ne soit la fille de Jacques Delors qui éprouve un réel désir de PS. Le drame au sein de ce parti, c'est que les haines individuelles sont tellement fortes que plus personne ne peut bouger, au nom du collectif, sans être suspecté d'agir pour son propre compte. Et bien malin qui pourrait démêler le vrai du faux. Ainsi, la "journée d'échanges et de débats", organisée, hier, à Paris autour de Martine Aubry avec Laurent Fabius, Arnaud Montebourg et les strauss-kahniens, a-t-elle davantage ressemblé à une entreprise de démolition qu'à une ébauche de reconstruction. Derrière les grandes déclarations de principes invitant à "hisser haut les valeurs de gauche", on a plutôt distribué des coups bas.(...)"

LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE
Patrice Chabanet

"(...)La réunion qui s'est tenue dimanche à Paris et qui a réuni les adversaires d'hier a déjà consacré le grand retour de Martine Aubry. Sa prise de parole a dépassé le cadre de la simple contribution militante. En quelques mots, elle a réglé son compte aux deux compétiteurs déjà en piste. Elle a plaidé pour un socialisme sans autre "épithète", une flèche pour Delanoë et son approche "socialiste et libérale". Elle s'est prononcée, avec la même vigueur, contre l'"ordre juste", cher à Ségolène Royal. En clair, même s'ils s'en défendent, les "reconstructeurs" du Parti socialiste sont à la recherche d'un leader. Tout simplement parce que pour s'opposer à Royal et Delanoë qui personnalisent le débat d'idées il ne suffit pas d'avoir un programme, mais une personnalité qui l'incarne. Qu'ils le veuillent ou non, les socialistes subissent aussi la nouvelle donne imposée par Nicolas Sarkozy. La politique s'exprime d'abord par la présence physique du leader, parce que réputée plus lisible et plus audible.(...)"

LA NOUVELLE REPUBLIQUE DU CENTRE OUEST
Hervé Cannet

"(...) Outre que le PS n'arrive toujours pas à définir ce qu'il devrait être (un grand parti de centre gauche, un grand parti ouvert aux vents de la gauche extrême ou un grand parti ni-ni, ni Bayrou, ni Besancenot), il est encore et toujours un enjeu de pouvoir personnel. Capable de s'allier les éléphants et les durs des 35 heures, à la fois deloriste, jospiniste et " fière d'être socialiste ", gestionnaire reconnue, régionaliste convaincue, européenne sans faille, Madame le maire de Lille a réussi [hier à Paris] un come-back somme toute inattendu. Et fait valider un indiscutable profil de présidentiable. Son enthousiasme retrouvé a d'ailleurs éclipsé les autres prétendants, séduits les militants et intéressé les médias. Mais au PS, l'histoire a enseigné qu'il convient de ne pas s'emballer. Et un, et deux, et trois candidats. Et à la fin du match, c'est toujours la droite qui gagne ?"

L'UNION
Jean-Michel François

"(...) Delanoë ou Royal ? La belle affaire, nous disent les nouveaux " reconstructeurs ", oublieux de leurs divergences européennes, qui veulent ¬ aujourd'hui ¬ sortir de cette alternative qu'on annonce inéluctable. Pour qui, pour quoi ? Qu'ont-ils à offrir de mieux ou de plus dans ce parti, où comme partout en France, chacun rêve de bâtir ou de reconstruire ? La maire de Lille, Martine Aubry, veut-elle profiter du congrès en terre amie (à Reims avec Adeline Hazan) et de la mise à mort des 35 heures qu'elle a créées, pour fédérer une armée mexicaine afin de se positionner pour 2012 et prendre ainsi le relais que son père avait laissé tomber en 1995 ? Ce serait oublier bien vite l'appétit des seconds couteaux, les Valls et autres Moscovici qui n'ont pas envie de se laisser tondre l'herbe sur le dos. Et plus encore tous ceux qui ne sont pas sortis du bois, et qui attendent de pouvoir s'afficher en recours de la dernière heure."

Sources : nouvel Obs.com

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3 juin 2008 2 03 /06 /juin /2008 17:55
 

LPSLe président du groupe PS à l'Assemblée nationale Jean-Marc Ayrault a vivement critiqué mardi "les conflits de personnes" au Parti socialiste et demandé à la direction de se "ressaisir" pour éviter que "le congrès de Reims ne ressemble au congrès de Rennes".

Moi qui préside un groupe parlementaire qui se bat, qui ne se contente pas de critiquer mais qui propose, à chaque fois qu'il y a un nouvel événement au PS, ça nous plombe tout notre travail et je trouve ça assez déplorable", a déclaré M. Ayrault sur RTL.

"Aujourd'hui, c'est le cartel des +non+ au Parti socialiste: il y a ceux qui ne veulent pas de Bertrand (Delanoë), ceux qui ne veulent pas de Ségolène (Royal) et puis il y a ceux qui ne veulent ni de Ségolène ni de Bertrand. Demain, vous aurez peut-être la coalition de ceux qui ne veulent pas de Martine (Aubry), jusqu'où va-t-on aller comme ça!", a lancé le député-maire de Nantes. "Si on commence par le conflit des personnes, on est sûrs d'aller dans le mur et moi je n'ai pas envie que le congrès de Reims ressemble au congrès de Rennes", a-t-il averti. Le congrès de Rennes avait donné lieu, en mars 1990, à une bagarre épique entre les différents courants du PS.

Faisant état d'"une colère qui monte" dans les sections du parti, M. Ayrault a souhaité "qu'on se ressaisisse". "Il est temps qu'il y ait une majorité claire au Parti socialiste", a-t-il dit, estimant que c'est au premier secrétaire François Hollande "de prendre l'initiative de réunir tout le monde" en vue du congrès.

Pour l'élection présidentielle de 2012, "préparons les conditions d'une primaire pour la fin 2010" et "ne brûlons pas toutes les étapes".

Source : AFP

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2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 18:00
DDA A la une
[02/06/08]


 Pour répondre à ceux qui déforment mes propos, voici d’abord les citations complètes de ce qu’ai dit et écrit sur le sujet :

CITATIONS

1) « Dimanche + », le 25 mai 2008

«(…) Il faut rassembler les socialistes sur les valeurs qui sont les nôtres et en l’occurrence, je crois qu’il y a déjà beaucoup à faire pour redéfinir le contenu du mot socialisme, c'est-à-dire pour l’adapter aux défis du temps présent qui n’existaient pas au XIXe siècle. Les déplacements massifs de population, le réchauffement planétaire, les grandes pandémies, les masses financières qui se déplacent à l’échelle planétaire à la recherche de placements spéculatifs, la crise alimentaire qui est due à la spéculation sur les denrées alimentaires.

Donc ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est comment, avec de nouvelles règles et de nouveaux principes,on garantit à chacun l’accès au bien public collectif, c'est-à-dire manger, se loger, s’éduquer, se soigner et travailler ou être utile aux autres. Donc dès lors que l’on pourra garantir à chacun, d’abord en France mais aussi à l’échelle planétaire, ces fondements même de la dignité humaine, alors le socialisme aura réalisé un idéal (... ). »

« (…) Ce que je pense, simplement, c’est qu’il y a déjà beaucoup à faire pour redonner de la modernité, un nouveau souffle au socialisme. Le mot libéralisme est le mot de nos adversaires politiques et je crois que le socialisme a déjà intégré tout l’héritage des droits et des libertés individuelles. Les socialistes et la gauche sont issus de la déclaration de 1789, de la Convention européenne de droits de l’Homme, du combat de JAURES pour DREYFUS, du combat de François MITTERRAND et de BADINTER contre la peine de mort, donc les droits et les libertés individuelles font partie de notre patrimoine commun. C’est très important, faut-il aller donc jusqu’à réhabiliter ce mot de libéralisme ? Non ! (…) »

« (…) Le mot libéralisme a des connotations positives dans certains autres pays, par rapport aux Etats-Unis. En France, non. Il est tellement chargé et tellement synonyme aujourd’hui de capitalisme débridé et de dégâts et d’écrasement des bas salaires, d’insécurité, de creusement des inégalités et donc de violence, qu’il fournit de la violence (…). »

(…) Ce qu’a dit Jaurès sur la question est très important parce que c’est très moderne. Ça reste très moderne, parce qu’il avait déjà intégré cet héritage-là, des droits et des libertés individuelles, au socialisme… mais agrandi à la dimension sociale de l’homme. Et aujourd’hui qu’est-ce qu’il nous manque dans le monde dans lequel nous sommes, par rapport à toutes ces souffrances, par rapport à ces 5 euros, qu’est-ce qui nous manque ? Il nous manque du social, et les socialistes ne sont pas pour le social contre l’économique, ils pensent que l’un ne va pas sans l’autre (…). »

2) Le Point du 27 mars 2008

« De quel libéralisme parle-t-on ? Si c’est du libéralisme politique, il est depuis l’origine indissociable du socialisme démocratique. Voyez Jaurès justifiant contre Jules Guesde la défense du capitaine Dreyfus et affirmant que « l’individu est la mesure de toute chose ». La liste serait longue de la contribution des socialistes au renforcement des libertés individuelles et politiques ! »

« Mais si vous appelez libéralisme cette idéologie du laisser-faire, du laisser-aller, alors oui, le socialisme ne mange pas de ce pain-là (…). »

« La bonne question est : que fait-on pour que l’économie de marché et la concurrence ne dictent pas leur loi désordonnée à une société prise en otage par les intérêts particuliers, mais pour qu’ils servent au bien-être de tous ? Le socialisme ne peut pas se contenter d’aménager le capitalisme financier à la marge. On attend de nous une autre façon de produire les richesses et de les distribuer. On me disait par exemple qu’il était impossible de conditionner les aides aux entreprises à l’interdiction de délocaliser ou de licencier en cas de bénéfices ; je l’ai fait en Poitou-Charentes et nous sommes aujourd’hui l’une des régions mieux placées en termes de créations d’entreprises ! »

3) Maintenant, Ségolène Royal répond à Marie-Françoise Colombani, Hachette Littératures, mars 2007

"Nous, socialistes, nous sommes des libéraux au sens politique originel car nous sommes ardemment attachés aux libertés individuelles et démocratiques. (...) Donc, pas question de jeter l'opprobre sur le mot lui-même (…).

(...) Mais si vous entendez par libéralisme cette conception de l'économie, je dirais même ce dogme ou cette idéologie, qui confie aux marchés, et aux marchés seulement, la régulation des sociétés, alors, oui, je pense que le libéralisme est l'ennemi de la justice sociale."

COMMENTAIRES

Suite à ce que j’ai dit, voilà ce que je voudrais rajouter :

Sur le « libéralisme »

Une chose est de « ne pas jeter l’opprobre » sur le mot, mot qui a eu un sens face aux despotismes et au totalitarisme, notamment collectiviste, une autre est d’en faire aujourd’hui son étendard et de se l’approprier au point d’affaiblir le socialisme.

Le mot « libéral » a un sens, et ce sens, c’est celui que nos adversaires lui ont donné. Le libéralisme a été préempté par une droite dure et, aujourd’hui, c’est le mot d’un capitalisme inquiétant, même lorsqu’il n’est pas accompagné du terme d’ « ultra ».

Les libertés politiques et les droits de l’homme sont intégrés dans le socialisme démocratique depuis bien longtemps. Il est donc inutile de se dire libéral. C’est une source de confusion et c’est dangereux.

La modernité politique ne passe pas par l’acceptation d’un libéralisme qui, à force de déréglementation, symbolise la perte de repères et l’écrasement de la personne humaine. Elle passe par la définition d’un socialisme du 21ème siècle, qui aille au-delà de simples ajustements à la marge des méfaits du libéralisme.

Notre désaccord avec la droite porte sur la protection des libertés et la définition de nouveaux droits, mais aussi sur la politique économique et sociale (paquet fiscal, franchises médicales, casse de l'éducation nationale, abolition des 35h, retraites…).

Se dire libéral et socialiste, c’est laisser croire que le socialisme ne parle pas de l’individu, de la liberté ou de l’efficacité économique et qu’il a besoin pour cela de l’apport du libéralisme. Or rien n’est plus faux.

Car être socialiste, c’est :

- voir que les services collectifs rendent les individus plus forts et d’une certaine façon plus libres (comment être libre quand on n’arrive pas à se loger, à se nourrir, ou quand on sort du système scolaire sans qualification ?) ;

- mettre les sécurités et la solidarité au service de la libération des énergies et de la prise de risque (comment avoir l’esprit d’entreprise quand on vit dans l’incertitude et la précarité ?);

- faire de la lutte contre les inégalités un moyen pour que chacun contribue à la richesse du pays et à sa compétitivité (comment se priver du dynamisme des jeunes des quartiers populaires ?) ;

Le socialisme n’a pas besoin de se dire libéral. En luttant contre les inégalités, il réalise, lui, la promesse de liberté que ne tient pas le libéralisme. Le socialisme est un dépassement du libéralisme et pas une doctrine d’appoint.

Sur la question du Parti et des alliances

Nous voulons d’abord un parti fort car ouvert sur la société, ferme sur ses convictions et ses valeurs.

Le parti socialiste doit être un centre de gravité pour la gauche. Une fois qu’il aura réaffirmé ses valeurs et défini son projet, tous ceux qui partageront ses ambitions, à gauche comme au centre, pourront nouer des alliances avec lui.
 
Signature Ségolène Royal
 
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2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 17:56
Actualités
DDA A la une
[02/06/08]


Plus de 130 députés, conseillers régionaux, conseiller généraux, maires, maires-adjoints, conseillers municipaux, présidents de communautés de communes, d’agglomérations et de pays de la région Poitou-Charentes, expriment leur adhésion de la démarche consultative engagée par Ségolène Royal dans le cadre de la préparation du prochain Congrès du Parti socialiste.

Ils s’associent en effet à la contribution rédigée par Maxime Bono, député-maire de La Rochelle, dont voici les principaux extraits :

« Certains ont trop grossièrement moqué cet exercice démocratique pour que nous, les élus locaux, qui savons tous les jours articuler démocratie représentative et participation des citoyens, restions silencieux dans ce débat.

Notre prise de parole est d'autant plus importante que, suite aux lois de décentralisation et au désengagement permanent de l'Etat , nous nous retrouvons souvent en première ligne et trop souvent seuls pour répondre à la détresse ou simplement aux inquiétudes de nos concitoyens.

Sur la fiscalité, le service public, le respect des droits des plus fragiles, et bien d'autres sujets, nous avons des propositions à faire.

L'occasion nous est donnée de réfléchir ensemble et de verser notre expérience au débat.

Notre Région a beaucoup changé; l'impulsion que lui a donnée la Présidence de Ségolène Royal est reconnue par beaucoup de nos administrés, sa popularité intacte en témoigne.

Notre parti peut désormais bénéficier de cette même impulsion, je compte sur toi pour y contribuer. »

Les principaux signataires de l’appel de Maxime Bono :

BONO Maxime, Député – Maire de La Rochelle

BOUTANT Michel, Président du Conseil Général de Charente

LAVAUD Philippe, Vice-Président du Conseil Général - Maire d'Angoulême

VERGNAUD Bernadette, Députée Européenne

BATHO Delphine, Députée

CLEMENT Jean-Michel, Député – Maire de Mauprévoir

GRELLIER Jean, Député

QUERE Catherine, Députée

GRASSET Bernard, Maire de Rochefort - Vice-Président du Conseil Régional

PINEAU Patrice, Maire de Thouars – Conseiller Général

ROUGER Jean, Maire de Saintes

BILLY Françoise, 1ère Secrétaire Fédérale des Deux-Sèvres - Conseillère Générale

MACAIRE Jean-François, 1er Secrétaire Fédéral de la Vienne - Vice-Président du Conseil Régional



La liste complète des signataires :

BONO Maxime, Député – Maire de La Rochelle

AUMON Laurence, Conseillère Municipale de Châtellerault

AZURET Patrice, Maire de Sainte Eanne

BALLAND Colette, Vice-Présidente du Conseil Régional

BARC Magalie, Adjointe de la Mairie de Poitiers

BARRE Sylvie, Adjointe de la Mairie de Saintes

BATHO Delphine, Députée

BEAUVILLAIN Ginette, Adjointe au Maire de Thuré

BEGUIER Vincent, Conseiller Municipal de Couhé

BEIX Véronique, Conseillère Municipale de Buxerolles

BELY Françoise, Conseillère Régionale

BEVILLE André, Maire de Saint-Jean-de-Thouars

BILLY Françoise, Conseillère Générale

BOCQUIER Jacques, Maire de Saint Loup Lamairé

BONNEAU Norbert, Maire de Brie

BOUCHER Jacques, Conseiller Général

BOURON Jean-Claude, Conseiller Municipal de Saint-Jean-d'Angely

BOUTANT Michel, Président de Conseil Général

BREJOU Daniel, Conseiller Municipal de Gond-Pontouvre

BRONCY Michel, Maire de Ruelle-Sur-Touvre

BROTTIER Philippe, Maire de Fontaine-le-Comte - Député suppléant

BRUNET Guy, Maire de Saint-Ouen-La-Thène

BRUNET Jean-Bernard, Maire de Civray

BRUNIER Christian, Conseiller Général

BURGAUD Pierre, Maire de Gournay-Loizé

CALIOT Michèle, Conseillère Municipale de Buxerolles

CHAIGNEAU Bernard, Conseiller Municipal de Saint-Benoît

CHAPET Cyril, Ancien Conseiller Général

CHATELIER Jean-Pierre, Maire de Saint-Pierre-de-l'Isle

CHAUVET Tony, Conseiller Régional

CIBERT Cyril, Conseiller Municipal de Châtellerault

CLEMENT Jean-Michel, Député – Maire de Mauprévoir

COMBES Jean, Conseiller Régional

COMPETISSA Brigitte, Maire de Frontenay-Rohan-Rohan

CONTAMINE Bertrand, Maire de Magnac sur Touvre

COURIVAUD Pascal, Adjoint au Maire de La Benâte

CRESPIN Jean, Maire de Gencay

DAURÉ Jean-François, Conseiller Général, Maire de La Couronne

DEBIEN Yves, Maire de Melle

DELAGE Alain, Maire de La Mothe Saint-Héray

DELAGE Reine-Marie, Conseillère Régionale

DELECHAT Didier, Conseiller Général

DENIEUL Jean-Pierre, Conseiller Général

DENIS Luc, Maire de Hanc

DESFORGE Simon, Conseiller Municipal d'Angoulême

DESLANDES Agnès, Conseillère Municipale de Saint-Jean-d'Angely

DEYNA Jean-Claude, Maire de Thuré

DIALLO Fanta, Conseillère Municipale de Soyaux

DILLENBOURG Jack, Conseiller Général et Adjoint de la Mairie de La Rochelle

DJOUDI Nadine, Conseillère Municipale de Buxerolles

DRAPEAU Jean-Luc, Conseiller Général

DUGLEUX Sébastien, Conseiller Général

DULIOUST Sylviane, Adjointe au Maire

DUTILH Jacques, Maire de Saint-Hilaire-de-Villefranche

FAES Bruno, Adjoint au Maire de Thuré

FAZILLEAU Michèle, Conseillère Municipale de Buxerolles

FEYDEAU Pierre, Adjoint au Maire de Rochefort

FORTÉ Josette, Conseillère Municipale de Thuré

GABORIT Joseph, Conseiller Régional

GEORGES Jean-Pierre, Conseiller Municipal de Parthenay

GEVAUDAN Guy, Conseiller Municipal de Montmorillon - Député suppléant

GIBAULT René, Conseiller Général - Maire de Lusignan

GRASSET Bernard, Vice-Président du Conseil Régional – Maire de Rochefort

GREGOIRE Paul, Conseiller Général

GRELLIER Jean, Député

GUERIN Michel, Conseiller Municipal de Châtellerault

GUILLON Jean-Pierre, Conseiller Général

GUINANDIE Jeanine, Conseillère Générale

HUC Mariline, Conseillère Municipale d'Angoulême

JOLY Régine, Vice-Présidente du Conseil Régional

JOUANNET Paul, Maire de Juillé

JOUBERT Joseph, Conseiller Régional

LACHAUD Joël, Adjoint au Maire d'Angoulême

LALANDE Bernard, Conseiller Général – Maire de Montendre

LALLEMANT Michèle, Adjointe au Maire de Marans

LAMANT Françoise, Conseillère Municipale d'Angoulême

LARGEAUD Roger, Maire de Sainte Néomaye

LAVAUD Philippe, Vice-Président du Conseil Général - Maire d'Angoulême

LENNE Christian, Maire de Saint André sur Sèvre

LEROY Denis, Conseiller Général

LOUIS Didier, Conseiller Général

MACAIRE Jean-François, Vice-Président du Conseil Régional

MAHAUD Frédéric, Adjoint au Maire de Saintes

MAILLET-MARGAT Annie, Conseillère Municipale de Rochefort

MANDROUX Jean-Pierre, Conseiller Général et Adjoint au Maire de La Rochelle

MARTINEAU Isabelle, Conseillère Municipale de Rochefort

MAUSSET Véronique, Conseillère Municipale d'Angoulême

MAZIN Jean-Claude, Conseiller Général

MERCIER Jean-Michel, Conseiller Municipal de Montendre

MESNARD Françoise, Vice-Présidente du Conseil Régional

MISBERT Joël, Vice-Président du Conseil Général

MOUFFOKES Habib, Conseiller Municipal de La Rochelle

MOUTARDE Jean, Conseiller Municipal de Saint-Jean-d'Angely

NGOMBET Madeleine, Conseillère Régionale

OPIC Daniel, Vice-Président du Conseil Régional

PAILLER Sylvie, Conseillère Municipale de Chauvigny

PARADOT Wilfried, Conseiller Municipal de Couhé

PARATTE Jean-Marie, Conseiller Général - Maire de Buxerolles

PARNAUDEAU Marc, Conseiller Général

PARTAUD Philippe, Maire de Torxé

PETIT Jean-Jacques, Maire de Saint Léger de Montbrun

PESLERBE Laurent, Adjoint au Maire d'Angoulême

PEUDUPIN Brigitte, Adjointe au Maire de La Rochelle

PICHARD Isabelle, Conseillère Générale

PICHOT Olivier, Conseiller Municipal de Buxerolles

PINEAU Patrice, Maire de Thouars – Conseiller Général

PRABONNAUD Bernard, Conseiller Municipal de Saint-Jean-d'Angely

PUY Alain, Conseiller Municipal de Buxerolles

QUERE Catherine, Députée

QUERE Jean-Yves, Conseiller Général

QUINTARD Jacques, Maire de Couture-d'Argenson

ROUGER James, Président de la CdCdu Pays de MATHA et Maire de Mons

ROUGER Jany, Maire de Saint-Jouin-de-Milly

ROUGER Jean, Maire de Saintes

ROUGER Paul, Maire de Haimps

ROUX Jacques, Maire de La Croix-Comtesse

ROY Joseph, Vice-Président de l'Agglomération de Rochefort

ROYER Yvan-Pierre, Maire de Aubigné

RUAULT Marie-Andrée, Conseillère Régionale

SIMONÉ Maryline, Adjointe au Maire de La Rochelle

SOLA Margarita, 1ère adjointe de la Mairie de Saintes

SURBIER Josette, Conseillère Municipale de Saint-Hilaire-de-Villefranche

THENAUD Abel, Conseiller Municipal de Rochefort

THOUARD Michèle, Conseillère Municipale de Rochefort

TONDUSSON Brigitte, Vice-Présidente du Conseil Régional

TONDUSSON Joël, Conseiller Général

TUGAS Joseph-Marie, Adjoint au Maire de Souméras

TUGAS Marie-Noëlle, Adjointe au Maire de Montendre

TREMBLAIS Daniel, Maire de Lésigny

VALLET Mickaël, Maire de Marennes, Président du Pays Marennes Oléron

VERGNAUD Bernadette, Députée Européenne

WISS-VRIGNAUD Geneviève, Adjointe au Maire de Rochefort

ZOUBIR Fatiha, Conseillère Municipale de Buxerolles
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2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 08:37

Marianne : Tout d’abord, pourquoi avez-vous accepté cette rencontre ? Est-ce parce que vous vous réclamez tous les deux du même camp ?

Ségolène Royal : J’ai accepté parce que c’est vous qui me l’avez proposée. Sinon, je n’en aurais peut-être pas eu l’idée ... Plus sérieusement, je trouve utile d’accepter votre proposition de dialogue avec Olivier Besancenot. Nous avons failli nous croiser à Gandrange sur le même piquet de grève. Tout débat avec ceux qui ont envie que le monde change est fructueux.

Et vous, Olivier Besancenot, est-ce parce que vous partageriez une culture commune avec Ségolène Royal que vous avez jugé cet échange utile ?

Olivier Besancenot : D’abord, c’est vous qui l’avez suscité, en effet. Nous avons été tous les deux candidats à l’élection présidentielle. Et il y a deux grandes orientations politiques à gauche qui se dessinent au fur et à mesure que les luttes avancent. La confrontation politique est donc toujours utile. De la confrontation, des idées peuvent jaillir ! Il y beaucoup d’électeurs de gauche qui se sentent orphelins de ce type de débat contradictoire où chacun assume ses orientations, fait la part de ce qu’il y a en commun et de ce qui nous sépare. Il y avait des désaccords au sein de la famille de la gauche sur la façon de changer le monde, entre ceux qui se disent réformistes et ceux qui se disent révolutionnaires. Au fur et à mesure que la mondialisation financière a avancé, on s’est rendu compte que les marges de manoeuvre pour obtenir des réformes s’étaient amoindries. A l’époque des Trente Glorieuses, les capitalistes cédaient quelques réformes, sur lesquelles il ne fallait pas cracher d’ailleurs, histoire d’acheter la paix sociale. Depuis le début de la contre-réforme libérale des années 80, ces espaces de compromis n’existent plus. Et à cette époque, en France, nous avions des gouvernements de gauche censés être réformistes, mais incapables de faire des réformes importantes. Soit on continue de vouloir changer le monde et on se donne les moyen de le faire, soit on pense que l’économie de marché, c’est-à-dire le capitalisme, est un horizon indépassable et on s’en accommode.

Vous avez employé les termes de « confrontation » et de « débat contradictoire », alors que Ségolène Royal n’a parlé, elle, que de débat. Dans « confrontation », il y a une idée de combat ?

O.B. : Non, non, je suis venu dans l’idée de débattre.

S.R. : Il est des confrontations créatrices ...

Ségolène Royal, vous auriez donc renoncé à changer le monde ?

S.R. : Au contraire. Je veux répondre aux désordres du monde et accéder au pouvoir pour peser sur les solutions à mettre en place pour l’épanouissement des femmes et des hommes. Moi, je suis entrée en politique par le féminisme. Lorsqu’on m’a dit : « Tu es une fille, tu ne feras pas d’études », ça m’a révoltée. Donc je suis partie, j’ai travaillé, et j’ai demandé une bourse parce que j’ai compris que c’était par l’école que j’échapperais au destin réservé traditionnellement à beaucoup de femmes. Je veux que l’école de la République reste un élément majeur d’émancipation pour tous. Cette bataille pour l’éducation est au coeur de la raison d’être des socialistes. Sans doute auraient-ils dû aller beaucoup plus loin sur la question éducative et sur d’autres. C’est pourquoi il y a des combats et des utopies réalisables et c’est pour cela qu’il faut accéder aux responsabilités. y compris pour mettre en place certaines réformes radicales !

La politique peut donc encore changer les choses ?

S.R. : L’enjeu de la politique, ce n’est pas seulement de corriger les inégalités a posteriori ; c’est de prendre à la racine les raisons qui font qu’il y a une destruction des valeurs humaines. La difficulté, c’est que nous souffrons aujourd’hui d’une terrible décrédibilisation de la parole politique ! Les gens ont été trompés par l’énergie de la parole de Nicolas Sarkozy qui disait : « Vous allez voir, votez pour moi et je vais tout résoudre parce que "je suis un surhomme !". Aujourd’hui, le désespoir par rapport à ces promesses risque de décrédibiliser, si l’on n’y prend garde, toutes les formes d’exercice du pouvoir. Moi, j’exerce des responsabilités territoriales, et, comme d’autres élus socialistes, je mets en application un certain nombre de réformes radicales. J’ai, par exemple, conditionné les aides publiques aux entreprises à l’interdiction de délocaliser ou de licencier si elles font des bénéfices ... Les luttes sont utiles quand le pouvoir politique demeure aveugle, mais la politique doit anticiper les problèmes pour que les gens, au bout du rouleau, dans la souffrance, n’aient plus à subir les conséquences des conflits. Quand je vois le mouvement désespéré des pêcheurs, la misère de certaines familles, auprès desquelles j’étais récemment, je dis que l’inertie politique est coupable et que les solutions existent.

Ségolène Royal vous interpelle lorsqu’elle dit qu’on ne peut se contenter des luttes et qu’il faut participer aux responsabilités quand on veut changer le monde ...

O.B. : Pour moi, prendre nos responsabilités, c’est d’abord faire preuve de constance. Nous avons toujours pris nos responsabilités. La France n’a jamais été aussi riche, la redistribution des richesses n’a jamais été aussi inégalitaire. Etre constant, quand on a un gouvernement qui tape fort comme celui-là avec 55 réformes qui ont une cohérence, c’est de résister. Il ne faut pas avoir simplement 2012 en tête. Sarkozy et son gouvernement préparent des mauvais coups sur la protection sociale, sur le contrat de travail, sur les services publics. La question de la responsabilité, ce n’est donc pas que « pouvoir ou pas pouvoir ». Nous avons vu récemment de curieux mercatos où, à force de vouloir mettre les mains dans le cambouis, certains vont dans un gouvernement de droite même lorsqu’ils se prétendent encore de gauche ... Le problème est donc de savoir ce qu’on fait du pouvoir. ridée que je me fais d’un bouleversement révolutionnaire, c’est que la politique ne fonctionne pas sans l’irruption d’une majorité de la population. Tant qu’elle se contentera de déléguer sa représentation à d’autres pour faire à sa place on ira dans le mur ...

Vous voulez en finir avec la démocratie représentative ?

O.B. : Il faut une combinaison de la démocratie directe et du suffrage universel. Je suis pour une démocratie qui permette le contrôle.

Vous êtes pour les jurys citoyens que proposait Ségolène Royal ?

O.B. : Non, pas les jurys citoyens. Sur la révocabilité des élus, les jurys citoyens s’arrêtaient au milieu du chemin. Pour la gauche anticapitaliste, l’autre société, c’est une majorité de la population qui se partage les richesses et le pouvoir. Moi, j’ai aimé citer Louise Michel, la communarde, l’anarchiste, pendant la campagne présidentielle : « Le pouvoir donnera des vertiges tant que le pouvoir ne sera pas partagé par tous. » Nous, nous militons pour que le pouvoir soit partagé par tous. Nous ne sommes pas contre le fait de participer aux institutions en tant que telles, nous avons déjà eu des élus, régionaux, européens, élus sur la base de notre indépendance. S’il y avait la proportionnelle, il y aurait 12 ou 13 députés de la LCR. Je ne dis pas que cela changerait tout, mais cela pèserait. Ce que nous contestons, c’est l’idée que la politique, ce serait pour les institutions, et le social, pour la rue. En Mai 68, il y a eu une augmentation des salaires de 30 %. En février 1968, les patrons expliquaient qu’augmenter les revenus de 30 % était impossible. Et, en juin, ils ont dû déchanter. Pourquoi ? Parce qu’il y a eu un rapport de force.

Mai 68, c’était aussi « Elections, pièges à cons »... De ce point de vue-là, est-ce que vous rejoignez Ségolène Royal sur l’idée de démocratie participative ou est-ce que vous considérez que ce n’est qu’un dérivatif ?

O.B. : Derrière « démocratie participative », on ne met pas forcément la même chose. La première référence qui me vient à l’esprit, c’est une ville du Brésil, Porto Alegre, où l’on a instauré des conseils de quartier qui estimaient leurs propres besoins : combien d’hôpitaux il nous faut, combien de routes, combien d’écoles, etc. Mais, à ces conseillers, on ne demandait pas simplement leur avis, ils avaient le droit d’élaborer et surtout de contrôler une partie du budget municipal. L’idée du contrôle, c’est aussi la révocabilité des élus. Une partie d’une circonscription, par voie pétitionnaire, pourrait juger que le mandat n’a pas été respecté et susciter un nouveau suffrage. Même chose sur la rémunération : il n’y a pas de raison qu’un élu gagne plus d’argent que ceux qu’il est censé représenter, c’est-à-dire plus que le salaire moyen de la majorité de la population. Quatre-vingt-cinq pour cent de la population en France vivent avec moins de 2 000 € par mois et les responsables politiques gagnent beaucoup plus ...

Sur la question de la démocratie, vous avez le sentiment, Ségolène Royal, qu’il y a des ponts entre la conception d’Olivier Besancenot et celle que vous avez développée pendant la campagne présidentielle ?

S.R. : La question démocratique est la question centrale, parce que c’est la question du pouvoir. La démocratie repose sur trois piliers :

La démocratie parlementaire, qui mériterait d’être considérablement améliorée.

La démocratie sociale. La France est parmi les pays industrialisés les plus en retard sur cette question. Il est plus que temps qu’en France, malgré les résistances et l’obstination du Medef, on progresse dans cette voie, absolument cruciale, notamment pour lutter contre les délocalisations. On voit apparaître en plus de nouveaux prolétaires qui sont les femmes au chômage partiel, les caissières des hypermarchés. Lorsqu’elles ont fait grève, des engagements ont été pris ; le silence est retombé parce que les caissières sont isolées, leur lutte n’a jamais vraiment été prise en considération, et seulement très récemment par les organisations syndicales.

Enfin, il y a la démocratie participative. Comment organiser la prise de parole populaire entre deux mandats ? Comment peser pour qu’entre deux élections il ait des rapports de force pour que les décisions soient plus justes ? La proposition d’Olivier Besancenot est irréaliste. Moi,je suis par exemple favorable aux actions de groupe. Cela fait très peur au Medef et au gouvernement, car, une fois les consommateurs organisés en groupe de pression, ils ne sont plus isolés. Pourtant, ce serait très efficace pour faire baisser les prix, pour mettre fin aux abus des distributeurs d’eau ou des factures Internet. Je fais ce que je dis : je préside la seule région où a été mis en place un budget participatif. Par exemple, les lycéens décident ce qu’on va faire dans leur lycée avec 10 millions d’euros. Ce ne sont pas des miettes ... A un moment donné, il faut passer des discours aux actes. Quand je fais ça dans ma région, d’une certaine façon, je suis révolutionnaire ! J’ai également mis en place des jurys citoyens. Un élu l’est pour cinq ou six ans, mais il doit rendre des comptes pendant son mandat sur la façon dont il l’exerce. Il faut instaurer un contrôle populaire au bon sens du terme, non pas un jury d’assises qui coupe des têtes ou révoque les élus, mais des ateliers citoyens qui évaluent les politiques publiques et qui, devant l’opinion publique, disent : « Là, c’est formidable, mais là, ça va dans la mauvaise direction, etc. » Ce système est une aide à la décision publique. Le jury, avec des citoyens tirés au sort qui ne sont pas des spécialistes, aide à améliorer les décisions.

Olivier Besancenot, vous avez une conception différente puisque vous considérez que les élus doivent pouvoir être révoqués en cours de mandat ...

O.B. : Oui, par voix pétitionnaire. Il y a d’autres pays qui le font. C’est dans la Constitution bolivarienne de Chavez au Venezuela. L’opposition, soutenue par les Etats-Unis, avait convoqué un référendum avec 300 000 signataires. Au lieu d’attendre quatre ans, il y a eu une nouvelle élection au bout de deux ans. Et Chavez l’a remportée.

J’entends vos discours, Ségolène Royal, sur les luttes, c’est bien, mais, en moins d’un an, il y a eu la réforme des régimes spéciaux des cheminots, la loi d’autonomie sur l’université, le nouveau traité européen, autant d’échéances concrètes où l’on aurait pu résister ensemble au moment où la droite oppose à peu près tout le monde, le public au privé, les hommes aux femmes, les Français aux immigrés, les jeunes aux anciens, tout ce nouveau prolétariat qui n’a jamais été aussi nombreux...

Ségolène Royal évoque ce "nouveau prolétariat" et prône une certaine « radicalité »...

O.B. : Au-delà des mots, parlons concrètement : comment faire là où on est, avec nos divergences, pour aider à ce qu’un front solide, massif, majoritaire réponde aux attaques d’un gouvernement qui cherche à opposer les uns aux autres. Il y a eu un bon exemple, c’était le CPE, où toute la gauche, sociale et politique, était à peu près à l’unisson. Cela a eu un impact sur l’opinion. Voilà ce qui a manqué au moment des régimes spéciaux, de la loi d’autonomie de l’université, ou aujourd’hui sur l’éducation. Au-delà des mots, nous avons expliqué depuis des années qu’il fallait légiférer de façon efficace contre les licenciements en reprenant les subventions publiques qu’on avait données aux licencieurs. C’est bien de le dire, c’est mieux de le faire ! Il faut avoir le courage de dire que c’est incompatible avec l’économie de marché. Le capitalisme, même avec sa prétendue variante sociale et écologique, est inacceptable. De nouveaux droits démocratiques pour les salariés, cela passe, concrètement, par la publication des livres de comptes, et la levée du secret bancaire, commercial et industriel pour savoir où va l’argent. Nous pouvons avoir des propositions différentes, mais il faut d’abord résister aux 55 contre-réformes libérales de Sarkozy. Pour cela, on devrait être soudés et unis dans les mobilisations. Sans mauvais jeu de mots, ça devrait être le service minimum ... Nous n’avons pas été capables de le faire depuis plus d’un an ! Je refuse le tout ou rien, l’idée selon laquelle il faudrait absolument se mettre d’accord sur tout ce qu’on propose à gauche pour résister ensemble face à la droite.

Là-dessus, Ségolène Royal, vous pensez qu’on peut bâtir une opposition cohérente à Nicolas Sarkozy sans être d’accord sur toutes les solutions alternatives ?

S.R. : En effet, je ne crois pas à ces modèles où l’avant-garde éclairée déciderait pour tout le monde du bien et du mal. Je ne connais pas de système de ce genre qui ait fonctionné. Dites-moi, si votre droit de révocation existait à Cuba, sans doute que le peuple se serait débarrassé de Fidel Castro ! Moi, je regarde à quelles conditions garantir à chacun le progrès. Dire que nous vivons dans une économie de marché, c’est dire simplement qu’il y a un droit à la créativité qu’il faut puissamment encourager. La bureaucratie étatique sécrète elle-même ses propres profiteurs qui, ensuite, n’ont qu’un objectif : garder le pouvoir et maintenir le peuple dans l’ignorance. C’est dans les libertés, au sens large, que les peuples peuvent accéder à l’éducation, à la culture, à la créativité, au travail, au droit de réussir, etc. Qu’est-ce qui fait l’identité du socialisme ? C’est que ces libertés-là ne soient pas réservées à quelques-uns, aux bien nés ou aux enfants de la nomenklatura, mais garanties à tous. Il faut arrêter de se gargariser de formules sans en tirer toutes les conséquences, vous comme nous. Par exemple, pour l’égalité des chances à l’école, il faut passer de l’égalité théorique à l’égalité réelle. De même, ily a non seulement un recul mais de nouvelles inégalités entre hommes et femmes car le nouveau prolétariat, ce sont à 80 % des travailleuses pauvres et des femmes âgées pauvres. Il y a donc toujours des combats nouveaux à mener, sur des enjeux liés à l’émancipation individuelle garantie par des politiques publiques.

Tout cela au sein de l’économie de marché puisque vous avez dit : « Le marché doit nous être aussi naturel que l’air que l’on respire » ?

S.R. : A condition que cet air ne soit pas vicié, c’est -à-dire que l’économie de marché soit fermement encadrée en amont et en aval. En amont, parce qu’il ne suffit pas de corriger a posteriori la façon dont on répartit les richesses produites, mais également la façon dont on intègre le progrès écologique et le progrès social dans le processus de production. Quand les salariés sont bien payés, correctement formés, ont la sécurité sociale professionnelle, ils sont productifs pour l’entreprise qui a, dès lors, intérêt à la transparence et à ce que la répartition du profit entre capital et travail soit discutée entre les partenaires sociaux.

Olivier Besancenot, lui, veut sortir de l’économie de marché ...

S.R. : Tous les systèmes collectivistes ont échoué et ont fait le malheur des gens. Peut-être y a-t-il un système auquel on n’a pas encore pensé ; moi, je n’en vois pas. Mais je suis impatiente de connaître le vôtre ! Je pense que les libertés de créer, d’entreprendre, d’avancer, de réussir doivent être garanties, avec des conditions pour que les richesses soient non seulement équitablement partagées, mais permettent de financer l’accès aux biens humains fondamentaux : se nourrir, se loger et se soigner correctement, s’éduquer et avoir un travail. L’économie de marché régulée permet cela, pas une bureaucratie qui déciderait du bonheur des gens malgré eux.

Vous, Olivier Besancenot, vous ne pensez pas que l’économie de marché puisse être régulée, ni en amont ni en aval ?

O.B. : Je suis impatient que Ségolène Royal m’explique où ce système existe ! Mais je n’en connais pas .

S.R. : On va le construire .

O.B. : Il y a un point commun entre les ex-sociétés bureaucratiques de l’Est ou la Chine, et l’économie de marché où le marché fait la loi, c’est le despotisme. Dans ces deux systèmes, une minorité décide pour la majorité. A l’Est, c’était une couche privilégiée qui décidait pour ses propres intérêts de nomenklatura ; dans l’économie de marché, c’est 6 ou 7%de la population qui détient plus de la majorité du patrimoine. Je suis favorable à une troisième voie. Un modèle qui n’a pas existé ou qui a existé de façon ponctuelle : bien sûr, c’est daté et ça n’a pas duré longtemps, mais c’est la preuve que la démocratie directe et le suffrage universel ne sont pas contradictoires : c’est la Commune de Paris. Une expérience où le peuple s’est partagé le pouvoir et les richesses. Qui peut croire aujourd’hui que, même dans le système capitaliste, la liberté d’entreprendre existe ? Les entreprises restent toujours entre les mains de la même minorité.

Vous rejetez toute forme de propriété privée ?

O.B. : Le capitalisme a eu ce talent de mettre dans nos esprits sur un pied d’égalité la propriété individuelle à usage personnel ou familial (la voiture, la maison de campagne, etc.) et la propriété privée des grands moyens de production. Moi, je veux que le fruit du travail de tous revienne entre les mains de tous. Et ça implique la démocratie socialiste avec la révocabilité des élus et une économie dont on anticipe la satisfaction des besoins démocratiquement. On peut me dire que c’ est de l’utopie, mais je revendique ce droit à l’utopie ! Je pense que la gauche, ces trente dernières années, a crevé de ne plus être capable de faire rêver. Dire « On va réguler ! », « On va lui donner un visage humain ... » à ce sacré capitalisme, aujourd’hui il n’y a pas que la gauche traditionnelle qui le fasse ; Sarkozy aussi fait de grandes sorties lyriques pour opposer le méchant capitalisme financier et le gentil capitalisme industriel ! Comme s’il était concevable de séparer les deux ... Je conteste l’idée qu’au nom de la modernité, on va réguler le chaos ambiant avec une pincée de sel et une pincée d’environnemental : ça ne marchera pas ! On peut promettre des réformes radicales pour demain, il ne faut pas oublier qu’au cours des vingt cinq dernières années, il y a eu quinze ans de gouvernement de gauche ! Les socialistes ont été pris dans le cadre de l’économie de marché, de ses contradictions, dans l’urgence d’une société en crise, mondialisée, financiarisée. Et ils ont fini par dire : nous n’avons plus les marges de manoeuvre pour agir. .. Le PS ne pourra pas plus concrétiser demain ces promesses radicales avec la même stratégie de régulation.

Alors, comment être efficace ?

O.B. : Je revendique un droit à l’ingérence dans l’économie privée ! Quand on accumule les exonérations de cotisations sociales, les subventions publiques et les cadeaux fiscaux, c’est l’équivalent de 160 milliards d’euros qui partent de la poche de la majorité de la population pour une minorité de la population ... S’ils sont capables de nous le prendre, nous sommes capables de le reprendre, et ça augmenterait tous les revenus de 300 € net par mois. Aujourd’hui, ceux qui sont partisans de réformes « radicales », nous les invitons à construire un nouveau parti anticapitaliste ensemble.

Donc, Ségolène Royal, vous avez assassiné l’utopie et aggravé les inégalités ...

O.B. : Je n’ai pas dit que c’était Ségolène Royal personnellement. Et, sur l’utopie, je pensais tout autant au lourd bilan de ce qui s’est passé à l’Est. Le stalinisme a discrédité durablement l’idée même qu’une autre société que le capitalisme était possible.

S.R. : C’est aussi la responsabilité de la gauche de continuer à dessiner les voies d’une utopie réalisable. Mes modèles ne sont ni Chavez, ni Castro, ni la Commune de Paris. L’utopie, nous avons à l’inventer pour les temps d’aujourd’hui. Il ne faut pas mélanger les abus insupportables du capitalisme financier - qui, d’ailleurs, commence à s’auto détruire -, avec l’économie de marché en général. Et il n’y a aucune raison de baisser les bras en pensant que ce système serait incontrôlable. Je pense que la force créatrice des entrepreneurs aujourd’hui, en France, ce sont ces entreprises de taille moyenne où se créent 80 % des emplois. Et ces entrepreneurs font partie des victimes du capitalisme financier et du CAC 40. Quand on apprend que les patrons du CAC 40 ont augmenté leurs revenus de 58 % cette année pendant que certaines PME sous-traitantes sont en grande difficulté, je considère que ces entreprises-là sont victimes du capitalisme financier. C’est une erreur de mettre tout le monde dans le même sac. Mais il y a des réformes économiques draconiennes à faire sur les aides aux entreprises. Par ailleurs, un entrepreneur ne démarre pas avec l’idée qu’il va exploiter le salarié qu’il va embaucher. Je crois qu’il y a aussi une nouvelle génération d’entreprises à inventer et à accompagner. Je veux une gauche qui encourage ces nouvelles façons d’entreprendre.

Mais que peut-on encore réguler avec le développement du néocapitalisme ?

S.R. : Le problème de ce capitalisme financier, c’est que nous avons, d’un côté, des masses d’argent qui circulent à l’échelle de la planète à la recherche du rendement le plus juteux et, de l’autre, un système bancaire qui ne protège plus les particuliers et qui ne fait pas son travail pour les entreprises. Il faut une réforme en profondeur du système bancaire. Ne faut-il pas reposer, sans hésiter, la question de la renationalisation de certaines banques ? Quand on voit l’ampleur du scandale de la Société générale et que l’on constate que la banque continue aujourd’hui comme si de rien n’était, avec le même patron, les mêmes principes, les mêmes systèmes d’emprunt qui pressurent les petits, c’est inadmissible. Quand on voit de telles banques qui s’enrichissent sur le dos des pauvres et des plus fragiles et, dans le même temps, n’assument pas leurs devoirs pour alimenter une économie créatrice d’activités et de richesses ! Je suis favorable, d’une façon ou d’une autre, à la maîtrise par les pouvoirs publics d’un tel système financier pour orienter l’épargne, non pas vers des placements spéculatifs mais vers l’investissement dans l’innovation et la recherche. C’est là que le socialisme intervient : pour mettre des règles, définir un droit du travail respecté, poser des codes éthiques dans l’entreprise et imaginer un troisième secteur économique, l’économie sociale et solidaire, qui pourrait constituer un vaste champ d’action de créativité et d’emplois. Plutôt que de fermer, il vaut mieux encourager les entreprises à être reprises par les salariés en Scoop - j’en ai 11 dans ma région parce que j’ai proposé qu’à chaque fois qu’on reprend une entreprise en Scoop il y ait une subvention proportionnelle au nombre d’emplois sauvés. Voilà de l’économie de marché régulée, encadrée, et donc encouragée !

Une économie de marché qui réfute donc désormais ce libéralisme que vous jugez désormais incompatible avec le socialisme après avoir dit l’inverse il y a quelque temps ?

S.R. : Je n’ai jamais dit l’inverse. J’ai dit que la conquête des libertés et le socialisme démocratique sont indissociables. J’ai rappelé l’affirmation de Jean Jaurès : « Le socialisme, c’est la démocratie jusqu’au bout ! ». En revanche, réhabiliter aujourd’hui le libéralisme, c’est prendre les mots et l’idéologie de l’adversaire politique. Cela sème la confusion et cela ne me semble pas judicieux.

Pour que la gauche gagne en 2012, la LCR est-elle prête à appeler à voter socialiste, voire à participer, au lendemain d’une victoire, à un gouvernement de gauche ?

O.B. : Moi, je ne suis pas obsédé par 2012. Nous contestons l’hégémonie du PS sur la gauche et nous revendiquons notre indépendance. Je me souviens d’un ministre communiste qui siégeait dans le gouvernement Jospin qui privatisait pendant que les militants communistes s’opposaient à ces privatisations dans les entreprises publiques. Moi, ce grand écart-là, je ne veux pas le faire ... D’autant plus que l’on sait que, dorénavant, François Bayrou est dans les bagages. Mais aller dans un gouvernement de gauche anticapitaliste, qui remette en cause l’économie de marché, je ne suis pas contre.

Mais ce qui m’importe, c’est la résistance dès maintenant, c’est d’être utile aujourd’hui et, dans les luttes, les socialistes sont absents.

S.R. : Les socialistes sont au combat, à l’Assemblée nationale, au Sénat. Ils ont même réussi à faire reculer, brièvement, le gouvernement sur la loi OGM. Le PS n’a pas de tentation hégémonique sur la gauche, mais il doit rassembler le plus largement possible pour bâtir une utopie réalisable.

Vouloir rassembler à la fois François Bayrou et Olivier Besancenot, ce n’est pas ça qui est utopique ?

S.R. : Lors de l’élection présidentielle, il a d’abord fallu rassembler la gauche. C’est bien ce qui s’est passé. C’est parce que la gauche était rassemblée entre les deux tours de la présidentielle que j’ai pris la responsabilité de tendre la main à François Bayrou pour battre Nicolas Sarkozy. Mais je sais que pour attirer d’autres forces vives, il faut un Parti socialiste très attractif. Je ne me satisfais pas d’un parti qui ait si peu d’adhérents. Tout le monde sera le bienvenu pour construire un autre monde. Mais si, plutôt que d’assumer les responsabilités du pouvoir, d’autres veulent rester dans les luttes, c’est leur choix et je le respecte.

O.B. : Rassurez-vous, nous ne nous résignons pas à n’être que dans les luttes. Nous voulons aussi construire un nouvel outil politique qui a vocation à être une alternative à la gauche qui se satisfait de l’économie de marché. Si vous aviez été élue présidente, votre gouvernement aurait eu une opposition politique à sa gauche qui aurait appuyé ce qui serait allé dans le bon sens et, qui, sur le restant, aurait agi suffisamment pour le faire avancer à coups de pied dans le derrière.

Propos recueillis par R.D. et N.D. / Marianne

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1 juin 2008 7 01 /06 /juin /2008 12:15

Ségolène Royal estime que la décision du tribunal de grande instance de Lille d'annuler un mariage à la demande du mari de confession musulmane, parce que l'épouse avait menti sur sa virginité, "est une régression du droit et de la dignité des femmes".

Dans un entretien publié dans "Le Journal du Dimanche", l'ancienne candidate à l'élection présidentielle déplore "un retour en arrière par rapport au mouvement d'émancipation des femmes, au droit qu'elles ont acquis de disposer librement de leur corps". "Ce jugement est par ailleurs contraire à la Convention européenne des droits de l'homme, contraire au principe d'égalité entre les hommes et les femmes", assure la présidente de la région Poitou-Charentes. "Considérer que la virginité est une 'qualité essentielle de la personne' pour une femme et pas pour un homme, c'est le signal d'une régression très forte pour toutes les femmes d'aujourd'hui. Les jeunes surtout", souligne-t-elle.

Ségolène Royal considère toutefois qu'il ne faut "pas forcément" changer la loi. "La juge aurait très bien pu prendre en considération l'évolution de la société et des moeurs, ainsi que la capacité qu'avaient le mari et la femme à s'entendre avant. Elle avait toutes les bases juridiques pour ne pas annuler le mariage", note Mme Royal, en observant qu'"après tout, les époux n'avaient qu'à divorcer".

source : AP

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1 juin 2008 7 01 /06 /juin /2008 10:49

Face à l’offensive de Bertrand Delanoë en vue du congrès du PS, Ségolène Royal confie à «Libération» son état d’esprit et sa conception du Parti socialiste.

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Comment expliquez-vous la brusque accélération de votre confrontation avec Bertrand Delanoë ?

Ce n’est pas une confrontation. Et d’ailleurs, je n’ai pas l’intention de me laisser enfermer dans un duel. En même temps, un débat est légitime dès lors qu’il correspond à de vrais choix.

Pourquoi avoir insisté sur vos différences concernant la question du libéralisme ?

Parce qu’il me semble utile de répondre sincèrement aux questions qui ont été posées à ce sujet. Les choses sont claires. Les libertés sont depuis longtemps intégrées au socialisme Mais aller jusqu’à dire comme l’a fait Bertrand : "je suis libéral", je crois que ça conduit à la confusion. Je pense qu’il y a déjà tellement à faire pour inventer le socialisme du XXIe siècle qu’il n’est pas utile d’aller prendre le vocabulaire et le concept de nos adversaires. Le débat central, c’est celui sur la démocratie, car comme disait Jaurès, le socialisme, c’est la démocratie jusqu’au bout.

Pourquoi avoir souligné la proximité du maire de Paris avec Lionel Jospin ?

Elle est réelle. Cette proximité avec l’auteur du livre qui s’appelle l’Impasse est-elle dénuée de signification ?

Que répondez-vous à ceux qui agitent le spectre d’un congrès de Rennes ?

Ce qui était abominable au congrès de Rennes, c’est que les militants se sifflaient, et ne s’écoutaient pas. Avec Bertrand et j’en suis sûr tous les autres dirigeants, nous sommes suffisamment responsables pour faire en sorte que le débat se fasse dignement et que les militants puissent voter sereinement. Je n’ai aucune inquiétude à ce sujet.

Selon les «reconstructeurs» (1), il faut absolument éviter la confrontation Delanoë-Royal…

Une fois de plus, ce n’est pas une confrontation. On ne peut pas empêcher des responsables socialistes de soumettre un texte aux militants ! Ceux-là, au fond, veulent que rien ne bouge, que tout reste comme avant. Si on craint le débat, d’ailleurs, où va-t-on ? Les socialistes peuvent être fiers de débattre publiquement de leur orientation politique. Quel autre parti en France le fait de façon aussi démocratique ? Aucun. Moi je veux un congrès serein et utile et je ferai tout pour cela.

Vous avez annoncé, le 16 mai, votre intention de prendre la tête du parti. Pourquoi cette date ?

C’était le juste moment. Mais je n’ai pas dit «prendre», au contraire, je veux offrir. Et faire, dans la cohérence de la campagne présidentielle des socialistes, une offre politique tournée vers l’avenir et sereinement soumise au vote des militants. C’est ne rien faire qui serait surprenant de ma part.

Ceux que vous avez soutenu vous soutiennent-ils à leur tour pour le congrès ?

Je n’ai jamais conçu la politique comme un troc. Les élus sont libres de leur choix. J’ai donné beaucoup de temps et d’énergie aux candidats aux municipales, quelle que soit leur sensibilité. Jamais je n’ai demandé en contrepartie un soutien pour le congrès. C’est ma façon de rendre ce qui m’a été donné et c’est toujours un honneur d’être sollicitée.

Vous ne semblez pas bénéficier de la même dynamique que lors des primaires de 2006. L’attentisme des grandes fédérations ne vous inquiète-t-il pas ?

Mais je ne suis nullement inquiète. Je travaille et ce sont les militants qui décideront. Ce qui est important, c’est de comprendre que nous, socialistes, et plus largement la gauche, nous sommes regardés par tous les Français inquiets de subir les crises et les dégâts de la politique de la droite. Ils se demandent si une autre politique est possible. Ce que j’affirme. C’est cela le véritable enjeu du congrès et celui de la mutation du parti. Les bons résultats des municipales ne doivent pas occulter la très forte abstention. Il y a un rejet de la droite, mais pas encore d’adhésion aux socialistes. Le travail à fournir est donc considérable.

Depuis le deuxième tour de la présidentielle, le temps n’a-t-il pas joué contre vous ?

La dynamique de la campagne présidentielle aurait pu, c’est vrai, être utilisée plus vite et plus fort par le PS pour engager le congrès, c’est-à-dire le débat d’idées dans la foulée des municipales. Mais inutile de polémiquer. Maintenant, il faut regarder devant.

Le calendrier du PS n’était-il pas conçu, justement, pour vous bloquer la route ?

La question n’est pas de savoir si ce calendrier est bon ou mauvais pour moi, mais pour le parti et, au-delà, pour notre capacité à répondre aux préoccupations concrètes qui tenaillent les Français. Et aujourd’hui, avec autant de candidats au premier secrétariat qu’à la Villa Médicis, nous donnons un spectacle un peu baroque ! Pendant ce temps-là, la droite démantèle les fondamentaux de la société française : durée du travail, santé, éducation, dans un contexte de très grave creusement des inégalités.

Qu’est-ce qui doit changer en priorité au PS ?

Nous ne devons pas rester entre nous. Les Français et en particulier les 17 millions d’électeurs qui ont voté pour nous à la présidentielle ont le droit de savoir comment s’organise la principale force d’opposition et de proposition du pays. Or, force est de constater que les procédures sont très complexes. Il y a urgence à les reconnecter avec la réalité. Quand je suis allé hier matin à La Rochelle revoir les pêcheurs pour m’assurer que les aides d’urgence de la région étaient bien versées aux familles en grande détresse, je me disais intérieurement qu’il faut vraiment que ce congrès empoigne à bras-le-corps le traitement de toutes les crises qui sont beaucoup plus profondes qu’on veut bien le dire.

Quel doit être le rapport du parti à ses militants ?

Le PS doit devenir le parti de toute la société française. Je pense que l’esprit d’innovation dont il a fait preuve dans la désignation interne en incitant de nombreux électeurs de gauche à nous rejoindre par une adhésion à 20 euros, a contribué fortement à nous ouvrir. Nous nous fixons l’objectif d’un parti à 700 000 adhérents. La question est de savoir comment y parvenir, comment être plus attractif, comment devenir le parti de toute la société. Je pense en particulier à tous les jeunes des quartiers populaires qui ont massivement voté à gauche à la présidentielle. Nous avons des efforts considérables à faire pour donner envie d’adhérer au PS. Il nous manque des employés, des ouvriers, des femmes et la France métissée à l’égard de laquelle je me sens une responsabilité particulière. Car c’est d’abord en pensant à tous ces jeunes plein d’espoir dont les regards qui m’imprègnent ne sont pas prêts de s’effacer, que je m’engage dans ce congrès.

La pratique, dans les sections et les fédérations, est pourtant loin de celle d’un parti de masse…

Mais les fédérations ne demandent que cela, j’en suis sûr. Enormément d’idées remontent des militants dans la consultation participative que nous avons lancée : simplifier les adhésions, déléguer aux fédérations des travaux thématiques et la responsabilité de certains sujets, ouvrir nos débats aux sympathisants, organiser des consultations régulières. Nul ne doit plus se méfier des nouveaux adhérents, au contraire.

Votre méthode de préparation du congrès, justement, avec une consultation militante, a été vivement critiquée…

Ce ne sont pas quelques critiques isolées qui font la pluie et le beau temps. Je ne connais aucun militant qui refuse d’être consulté ! J’apprécie aussi beaucoup que 25 premiers fédéraux se soient associés dès le départ à cette méthode participative. Par ailleurs, tout le monde sait qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre le fait d’écouter et de fixer une ligne.

Quel est selon vous le problème numéro un du parti ?

Ce n’est pas en termes de problèmes que doit se poser la question. Je ne me situe pas en critique du passé. J’ai même eu l’occasion de dire que la direction actuelle avait préservé l’unité du parti contre vents et marées, ce qui est la condition sine qua non pour continuer à construire. Notre défi principal, redisons-le, c’est d’augmenter assez fortement le nombre et la diversité des adhérents. La société a changé, le rapport des citoyens aux institutions a changé, donc il est évident que les formes de militantisme aussi évoluent.

Y aurait-il un problème d’autorité au Parti socialiste ?

Comment nier que les citoyens, pas seulement les socialistes, sont secoués par les trop fréquentes cacophonies ? Et surtout par le non-respect du vote des militants. Aujourd’hui, il y a des propos trop choquants - comme comparer le parti à une pétaudière - qui peuvent être dits dans une impunité totale. Il ne s’agit pas de caporaliser le parti, c’est un problème d’autodiscipline, mais aussi de droits et devoirs. Et je sais que de nombreux militants ne sont pas choqués, bien au contraire, lorsqu’on parle de sanctions quand leur vote est bafoué.

Quelles sanctions imagineriez-vous ?

C’est l’investiture donnée par le PS qui permet d’être élu grâce au vote des militants et donc ce que les militants donnent, ils doivent pouvoir le reprendre si les règles adoptées collectivement ne sont pas respectées.

Comment envisagez-vous votre rôle de premier secrétaire ?

C’est d’abord avec une équipe l’incarnation d’un projet politique, d’un parti uni et renouvelé. C’est aussi préparer dès maintenant les prochaines échéances électorales européennes et régionales, notamment par la mise en valeur des actions menées par nos élus sur les territoires. On entend dire que ces batailles seront difficiles, c’est vrai et c’est pourquoi le congrès doit être réussi pour donner un véritable élan. Il faut donner de la visibilité à une équipe associant des responsables nouveaux mais aussi expérimentés, en harmonie avec les groupes parlementaires.

Vous évoquez un «collectif», mais vos concurrents vous critiquent sur votre pratique présumée solitaire de la politique…

On ne peut pas me reprocher à la fois d’être trop solitaire et trop participative ! Je suis entourée d’une très bonne équipe avec des fidélités au long cours. Les milliers de militants de Désirs d’avenir sont à 80 % membres du PS. Ma démarche participative prouve mon souci de l’écoute et du collectif. Ma conception de la politique est tout le contraire d’un exercice solitaire dont on voit bien d’ailleurs l’inefficacité et même le danger avec l’exemple omnipotent de Nicolas Sarkozy.

Au cas où vous ne seriez pas majoritaire, envisageriez-vous une motion de synthèse avec d’autres personnalités ?

La motion que nous présenterons sera soumise aux militants. C’est en fonction de leur choix et du contenu des différents projets que l’on pourra voir ce qui aura de la cohérence pour répondre aux attentes de la gauche et pour engager l’élan d’une alternance politique utile au pays.

(1) Les «reconstructeurs», qui se réunissent ce week-end à Paris, rassemblent les amis de DSK, Martine Aubry, Arnaud Montebourg et Laurent Fabius.

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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 10:33

Comment expliquez-vous la brusque accélération de votre confrontation avec Bertrand Delanoë ?

Ce n’est pas une confrontation. Et d’ailleurs, je n’ai pas l’intention de me laisser enfermer dans un duel. En même temps, un débat est légitime dès lors qu’il correspond à de vrais choix.

Pourquoi avoir insisté sur vos différences concernant la question du libéralisme ?

Parce qu’il me semble utile de répondre sincèrement aux questions qui ont été posées à ce sujet. Les choses sont claires. Les libertés sont depuis longtemps intégrées au socialisme Mais aller jusqu’à dire comme l’a fait Bertrand : "je suis libéral", je crois que ça conduit à la confusion. Je pense qu’il y a déjà tellement à faire pour inventer le socialisme du XXIe siècle qu’il n’est pas utile d’aller prendre le vocabulaire et le concept de nos adversaires. Le débat central, c’est celui sur la démocratie, car comme disait Jaurès, le socialisme, c’est la démocratie jusqu’au bout.

Pourquoi avoir souligné la proximité du maire de Paris avec Lionel Jospin ?

Elle est réelle. Cette proximité avec l’auteur du livre qui s’appelle l’Impasse est-elle dénuée de signification ?

Que répondez-vous à ceux qui agitent le spectre d’un congrès de Rennes ?

Ce qui était abominable au congrès de Rennes, c’est que les militants se sifflaient, et ne s’écoutaient pas. Avec Bertrand et j’en suis sûr tous les autres dirigeants, nous sommes suffisamment responsables pour faire en sorte que le débat se fasse dignement et que les militants puissent voter sereinement. Je n’ai aucune inquiétude à ce sujet.

Selon les «reconstructeurs» (1), il faut absolument éviter la confrontation Delanoë-Royal…

Une fois de plus, ce n’est pas une confrontation. On ne peut pas empêcher des responsables socialistes de soumettre un texte aux militants ! Ceux-là, au fond, veulent que rien ne bouge, que tout reste comme avant. Si on craint le débat, d’ailleurs, où va-t-on ? Les socialistes peuvent être fiers de débattre publiquement de leur orientation politique. Quel autre parti en France le fait de façon aussi démocratique ? Aucun. Moi je veux un congrès serein et utile et je ferai tout pour cela.

Vous avez annoncé, le 16 mai, votre intention de prendre la tête du parti. Pourquoi cette date ?

C’était le juste moment. Mais je n’ai pas dit «prendre», au contraire, je veux offrir. Et faire, dans la cohérence de la campagne présidentielle des socialistes, une offre politique tournée vers l’avenir et sereinement soumise au vote des militants. C’est ne rien faire qui serait surprenant de ma part.

Ceux que vous avez soutenu vous soutiennent-ils à leur tour pour le congrès ?

Je n’ai jamais conçu la politique comme un troc. Les élus sont libres de leur choix. J’ai donné beaucoup de temps et d’énergie aux candidats aux municipales, quelle que soit leur sensibilité. Jamais je n’ai demandé en contrepartie un soutien pour le congrès. C’est ma façon de rendre ce qui m’a été donné et c’est toujours un honneur d’être sollicitée.

Vous ne semblez pas bénéficier de la même dynamique que lors des primaires de 2006. L’attentisme des grandes fédérations ne vous inquiète-t-il pas ?

Mais je ne suis nullement inquiète. Je travaille et ce sont les militants qui décideront. Ce qui est important, c’est de comprendre que nous, socialistes, et plus largement la gauche, nous sommes regardés par tous les Français inquiets de subir les crises et les dégâts de la politique de la droite. Ils se demandent si une autre politique est possible. Ce que j’affirme. C’est cela le véritable enjeu du congrès et celui de la mutation du parti. Les bons résultats des municipales ne doivent pas occulter la très forte abstention. Il y a un rejet de la droite, mais pas encore d’adhésion aux socialistes. Le travail à fournir est donc considérable.

Depuis le deuxième tour de la présidentielle, le temps n’a-t-il pas joué contre vous ?

La dynamique de la campagne présidentielle aurait pu, c’est vrai, être utilisée plus vite et plus fort par le PS pour engager le congrès, c’est-à-dire le débat d’idées dans la foulée des municipales. Mais inutile de polémiquer. Maintenant, il faut regarder devant.

Le calendrier du PS n’était-il pas conçu, justement, pour vous bloquer la route ?

La question n’est pas de savoir si ce calendrier est bon ou mauvais pour moi, mais pour le parti et, au-delà, pour notre capacité à répondre aux préoccupations concrètes qui tenaillent les Français. Et aujourd’hui, avec autant de candidats au premier secrétariat qu’à la Villa Médicis, nous donnons un spectacle un peu baroque ! Pendant ce temps-là, la droite démantèle les fondamentaux de la société française : durée du travail, santé, éducation, dans un contexte de très grave creusement des inégalités.

Qu’est-ce qui doit changer en priorité au PS ?

Nous ne devons pas rester entre nous. Les Français et en particulier les 17 millions d’électeurs qui ont voté pour nous à la présidentielle ont le droit de savoir comment s’organise la principale force d’opposition et de proposition du pays. Or, force est de constater que les procédures sont très complexes. Il y a urgence à les reconnecter avec la réalité. Quand je suis allé hier matin à La Rochelle revoir les pêcheurs pour m’assurer que les aides d’urgence de la région étaient bien versées aux familles en grande détresse, je me disais intérieurement qu’il faut vraiment que ce congrès empoigne à bras-le-corps le traitement de toutes les crises qui sont beaucoup plus profondes qu’on veut bien le dire.

Quel doit être le rapport du parti à ses militants ?

Le PS doit devenir le parti de toute la société française. Je pense que l’esprit d’innovation dont il a fait preuve dans la désignation interne en incitant de nombreux électeurs de gauche à nous rejoindre par une adhésion à 20 euros, a contribué fortement à nous ouvrir. Nous nous fixons l’objectif d’un parti à 700 000 adhérents. La question est de savoir comment y parvenir, comment être plus attractif, comment devenir le parti de toute la société. Je pense en particulier à tous les jeunes des quartiers populaires qui ont massivement voté à gauche à la présidentielle. Nous avons des efforts considérables à faire pour donner envie d’adhérer au PS. Il nous manque des employés, des ouvriers, des femmes et la France métissée à l’égard de laquelle je me sens une responsabilité particulière. Car c’est d’abord en pensant à tous ces jeunes plein d’espoir dont les regards qui m’imprègnent ne sont pas prêts de s’effacer, que je m’engage dans ce congrès.

La pratique, dans les sections et les fédérations, est pourtant loin de celle d’un parti de masse…

Mais les fédérations ne demandent que cela, j’en suis sûr. Enormément d’idées remontent des militants dans la consultation participative que nous avons lancée : simplifier les adhésions, déléguer aux fédérations des travaux thématiques et la responsabilité de certains sujets, ouvrir nos débats aux sympathisants, organiser des consultations régulières. Nul ne doit plus se méfier des nouveaux adhérents, au contraire.

Votre méthode de préparation du congrès, justement, avec une consultation militante, a été vivement critiquée…

Ce ne sont pas quelques critiques isolées qui font la pluie et le beau temps. Je ne connais aucun militant qui refuse d’être consulté ! J’apprécie aussi beaucoup que 25 premiers fédéraux se soient associés dès le départ à cette méthode participative. Par ailleurs, tout le monde sait qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre le fait d’écouter et de fixer une ligne.

Quel est selon vous le problème numéro un du parti ?

Ce n’est pas en termes de problèmes que doit se poser la question. Je ne me situe pas en critique du passé. J’ai même eu l’occasion de dire que la direction actuelle avait préservé l’unité du parti contre vents et marées, ce qui est la condition sine qua non pour continuer à construire. Notre défi principal, redisons-le, c’est d’augmenter assez fortement le nombre et la diversité des adhérents. La société a changé, le rapport des citoyens aux institutions a changé, donc il est évident que les formes de militantisme aussi évoluent.

Y aurait-il un problème d’autorité au Parti socialiste ?

Comment nier que les citoyens, pas seulement les socialistes, sont secoués par les trop fréquentes cacophonies ? Et surtout par le non-respect du vote des militants. Aujourd’hui, il y a des propos trop choquants - comme comparer le parti à une pétaudière - qui peuvent être dits dans une impunité totale. Il ne s’agit pas de caporaliser le parti, c’est un problème d’autodiscipline, mais aussi de droits et devoirs. Et je sais que de nombreux militants ne sont pas choqués, bien au contraire, lorsqu’on parle de sanctions quand leur vote est bafoué.

Quelles sanctions imagineriez-vous ?

C’est l’investiture donnée par le PS qui permet d’être élu grâce au vote des militants et donc ce que les militants donnent, ils doivent pouvoir le reprendre si les règles adoptées collectivement ne sont pas respectées.

Comment envisagez-vous votre rôle de premier secrétaire ?

C’est d’abord avec une équipe l’incarnation d’un projet politique, d’un parti uni et renouvelé. C’est aussi préparer dès maintenant les prochaines échéances électorales européennes et régionales, notamment par la mise en valeur des actions menées par nos élus sur les territoires. On entend dire que ces batailles seront difficiles, c’est vrai et c’est pourquoi le congrès doit être réussi pour donner un véritable élan. Il faut donner de la visibilité à une équipe associant des responsables nouveaux mais aussi expérimentés, en harmonie avec les groupes parlementaires.

Vous évoquez un «collectif», mais vos concurrents vous critiquent sur votre pratique présumée solitaire de la politique…

On ne peut pas me reprocher à la fois d’être trop solitaire et trop participative ! Je suis entourée d’une très bonne équipe avec des fidélités au long cours. Les milliers de militants de Désirs d’avenir sont à 80 % membres du PS. Ma démarche participative prouve mon souci de l’écoute et du collectif. Ma conception de la politique est tout le contraire d’un exercice solitaire dont on voit bien d’ailleurs l’inefficacité et même le danger avec l’exemple omnipotent de Nicolas Sarkozy.

Au cas où vous ne seriez pas majoritaire, envisageriez-vous une motion de synthèse avec d’autres personnalités ?

La motion que nous présenterons sera soumise aux militants. C’est en fonction de leur choix et du contenu des différents projets que l’on pourra voir ce qui aura de la cohérence pour répondre aux attentes de la gauche et pour engager l’élan d’une alternance politique utile au pays.

(1) Les «reconstructeurs», qui se réunissent ce week-end à Paris, rassemblent les amis de DSK, Martine Aubry, Arnaud Montebourg et Laurent Fabius.

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30 mai 2008 5 30 /05 /mai /2008 17:15


OLIVIER DE LAGARDE

Nous sommes en direct à proximité du bureau du boulevard Raspail à Paris. Bonjour Ségolène ROYAL.

SEGOLENE ROYAL

Bonjour.

OLIVIER DE LAGARDE

Présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, ancienne candidate à la présidence de la République ; candidate officielle à la direction du PS, on va y venir dans quelques minutes ; mais commençons par la prestation radiophonique de Nicolas SARKOZY ce matin. Sur la question du pouvoir d’achat et du prix des carburants, Nicolas SARKOZY a proposé de consacrer les recettes supplémentaires de TVA générées par la hausse des carburants à un fonds destiné à alléger la facture des plus modestes. Ca c’est une bonne idée pour vous ?

SEGOLENE ROYAL

J’allais dire il est temps… Ca fait des mois que nous souffrons de la hausse des prix du carburant, des mois que je demande la baisse de la fiscalité sur le prix de l’essence. Vous savez que sur un litre d’essence, on paie 60% d’impôt, donc c’est un système qui ne va pas. Il y avait avant un système automatique qui permettait de baisser l’impôt lorsque le prix de l’essence augmentait, donc directement à la pompe, l’essence était moins chère. Il y a une autre solution, encore faut-il voir quand est-ce qu’elle sera mise en œuvre, à quel moment les gens vont récupérer cette prime à la cuve etc…

OLIVIER DE LAGARDE

Vous pensez que c’est un effet d’annonce ?

SEGOLENE ROYAL

Vous savez, on a tellement été échaudé par les annonces par rapport aux résultats ; s’il y a des mesures qui vont dans le bon sens, tant mieux mais actuellement tant qu’elles sont verbales… j’attends de voir. Il y aurait eu un système beaucoup plus simple qui aurait consisté à baisser la fiscalité sur le prix de l’essence pour qu’à la pompe, l’essence soit moins chère parce que je vois que Nicolas SARKOZY est allé à Rungis ; il était attendu aussi auprès des pêcheurs, vous savez qu’il leur avait fait beaucoup de promesses, ces promesses n’ont pas été tenues, donc il y a une situation dramatique. J’ai montré l’autre jour une fiche de salaire d’un pêcheur qui en dix jours de mer a gagné cinq euros, vous m’entendez ? 5,80 euros en dix jours de mer, c'est-à-dire en plus un métier difficile et dangereux. Il y a les ouvriers de Gandrange qui sont toujours frappés par une délocalisation, là aussi qui attendent toujours que les promesses qui ont été faites du maintien de l’usine d’ARCELOR MITTAL soient effectivement concrétisées. Donc attention à ces annonces qui ne sont pas suivies d’effets.

OLIVIER DE LAGARDE

Alors autre annonce ou plutôt confirmation, Ségolène ROYAL, la durée hebdomadaire légale du travail restera à 35 heures ; c’est quelque chose auquel vous étiez attachée ?

SEGOLENE ROYAL

Je crois que dans le contexte actuel de montée de la précarité, du chômage à temps partiel, des bas salaires, je pense que c’était une provocation que d’annoncer qu’en plus la durée du travail allait augmenter alors même qu’il y a tant de salariés qui subissent le chômage partiel et qui voudraient bien travailler plus longtemps à commencer par les caissières de supermarchés où là aussi Nicolas SARKOZY avait promis de résoudre leurs problèmes – je vois que les grandes surfaces n’ont jamais gagné autant d’argent et le problème du salaire et de la précarité des caissières n’est toujours pas résolu.

OLIVIER DE LAGARDE

Parlons un petit peu du Parti socialiste, si vous le voulez bien, et de ce débat que vous avez eu finalement à distance avec Bertrand DELANOË au sujet du libéralisme. Vous avez déclaré, je vous cite : « Le mot libéralisme est le mot de nos adversaires politiques. Je ne pourrai jamais dire, comme a dit Bertrand DELANOË, je suis libérale. » Alors, en attendant ça, j’ai tout de même sursauté, j’ai repris mon numéro du POINT daté du 27 mars où vous déclariez, je vous cite là encore : « Le libéralisme politique est depuis l’origine indissociable du socialisme démocratique. Les véritables héritiers de la belle tradition du libéralisme démocratique, ce sont tous ceux qui, à gauche, savent combien les libertés politiques sont fragiles. » Finalement, vous dites la même chose que Bertrand DELANOË !

SEGOLENE ROYAL

Non. Pas du tout. Au contraire, vous venez exactement de lire ce que j’ai dit, il faut lire la phrase qui suit et qui dit…

OLIVIER DE LAGARDE

Ah, j’ai tout lu !

SEGOLENE ROYAL

Non, non, la phrase qui suit, qui est dans ce livre que vous venez de citer. Je dis ensuite : « L’idéologie du libéralisme économique du laisser-faire, du laisser-aller, qui permet la loi du plus fort, qui permet d’écraser les plus faibles, celle-ci ne convient pas. » Ce que je veux dire par là…

OLIVIER DE LAGARDE

Mais c’est ce que dit également Bertrand DELANOË !

SEGOLENE ROYAL

Je crois que la question que vous posez est une question extrêmement importante, qui ne se résout pas à un dialogue entre deux personnes. Je crois que les Français ont le droit de savoir au nom de quoi la politique agit et au nom de quelles valeurs. Les valeurs qui sont les miennes sont les valeurs du social, mais un social modernisé bien sûr, qui n’est pas opposé à la performance économique. Au contraire, je pense, contrairement à ce que dit le libéralisme économique, qui aujourd’hui a fait autant de dégâts, écoutez, on apprend aujourd’hui, ce matin, que les patrons du CAC 40 ont augmenté leurs rémunérations de plus 58 %, attendez, plus 58 % ! Il n’y a jamais eu autant de misère et de précarité en France. Attendez, voilà, le libéralisme économique…

OLIVIER DE LAGARDE

J’entends bien…

SEGOLENE ROYAL

Attendez. Donc, ce n’est pas la peine d’aller chercher des mots qui correspondent à des idéologies qui font aujourd’hui tant de dégâts dans le monde, y compris le problème du réchauffement planétaire…

OLIVIER DE LAGARDE

Vous avez des valeurs qui sont différentes de celles de Bertrand DELANOË aujourd’hui ? Vous avez vraiment cette impression là ?

SEGOLENE ROYAL

Ce que je pense… Une fois de plus, ce n’est pas le problème, ne réduisons pas ce sujet à un débat entre deux personnes. Ce que je pense aujourd’hui, c’est qu’il y a déjà tellement à faire pour redonner au socialisme tout son sens, toute sa modernité, toute son efficacité. Je pense, moi, que le socialisme peut être une idée neuve aujourd’hui pour le 21ème siècle. Pourquoi ? Parce qu’on n’a jamais eu autant besoin de social. Pourquoi ? Parce que je pense que les valeurs humaines doivent l’emporter sur les valeurs financières. Pourquoi ? Parce que je pense que la question éducative est une question majeure et qu’un pays n’a pas le droit d’en rabattre sur ses exigences éducatives. Donc, ce n’est pas la peine d’entraîner une confusion idéologique en allant chercher un mot qui appartient à nos adversaires politiques, qui appartient à la droite et dont l’application a fait autant de débats. Mais il ne faut pas confondre ça avec les libertés individuelles qui, comme je l’ai écrit dans le passage que vous citiez tout à l’heure, ont toujours fait partie du socialisme. JAURES – parce que vous l’avez cité – disait : « Le socialisme, c’est la démocratie jusqu’au bout. » Aujourd’hui…

OLIVIER DE LAGARDE

Ségolène ROYAL…

SEGOLENE ROYAL

Juste un mot, parce que c’est important que les Français se saisissent aussi des débats d’idées…

OLIVIER DE LAGARDE

Ce qui est important, c’est que les Français saisissent la différence que vous avez par rapport à Bertrand DELANOË. Vous êtes tous les deux finalement en compétition pour prendre la direction du Parti socialiste, on a l’impression que finalement c’est juste une question de personnes, que sur le fond, vous êtes d’accord.

SEGOLENE ROYAL

Non, monsieur. Je viens de vous expliquer le contraire. Je crois que les Français n’ont que faire aujourd’hui des préparations du congrès du Parti socialiste. Donc, quand…

OLIVIER DE LAGARDE

Vous présentez une motion antilibérale au congrès ?

SEGOLENE ROYAL

Je pense que ce qui est important, c’est de redonner du sens à la politique et que, aujourd’hui, l’angoisse que nous avons, c’est de savoir si la politique sert encore à quelque chose, si la politique est honnête, si elle est sincère. Quand l’actuel président de la République a promis de résoudre les problèmes du fait de sa seule élection et que l’on voit aujourd’hui le résultat, ça met en cause tous les responsables politiques. Parce qu’à un moment, les gens qui souffrent, qui ont peur, qui ont peur d’être tirés vers le bas, la France qui a du mal à valoriser ses atouts alors que nous en avons, les réponses concrètes que nous amenons sur nos territoires, moi en tant que présidente de région, je viens de créer le micro crédit pour aider les familles qui ont du mal avec leur pouvoir d’achat, où je paye le permis de conduire à des jeunes qui n’ont pas le premier euro pour accéder au permis de conduire. Parce que je pense qu’il y a des solutions concrètes qui peuvent résoudre les problèmes en répartissant mieux l’argent public et les richesses, tout en agissant au nom d’un certain nombre de valeurs. Ces valeurs-là sont celles du socialisme et du social. Il n’y a pas besoin de se laisser entraîner dans une confusion pour faire moderne.

OLIVIER DE LAGARDE

Ségolène ROYAL, vous êtes candidate officiellement à la direction du Parti socialiste. Vous vous êtes déclarée également favorable à ce que le futur premier secrétaire soit le candidat du parti à la présidentielle ; est-ce à dire que si vous échouez dans votre conquête du parti, vous ne serez pas candidate ?

SEGOLENE ROYAL

Je n’ai jamais dit cela. J’ai dit que chaque étape doit être respectée. Aujourd’hui je respecte déjà les militants puisque j’ai lancé une consultation sur justement le contenu de ce projet politique que nous devons présenter au mois de novembre prochain, à la fois sur le site désir d’avenir et sur un site spécial…

OLIVIER DE LAGARDE

Mais vous ne vous êtes pas engagée dans des primaires avant l’heure ?

SEGOLENE ROYAL

Non je suis engagée dans le respect des militants, le sérieux de la démarche ; comment est-ce qu’on rend à la politique ses lettres de noblesse dans un contexte où nous doutons tous de l’efficacité de la politique et comme moi je crois que la politique a encore quelque chose à faire et même beaucoup à faire pour changer le désordre des choses, pour faire en sorte que les injustices reculent et je crois que la force de la France, c’est à la fois sa diversité, ce sont ses talents, ce sont ses petites et moyennes entreprises qui aujourd’hui ont perdu le moral et il n’y a aucune raison que la France soit dans cet état, que d’autres solutions existent, qu’une autre politique est possible sans renier les convictions profondes qui sont celles des socialistes parce que les socialistes considèrent qu’il n’y a pas à opposer les services collectifs et l’épanouissement individuel, au contraire ; les services collectifs sont au service de l’épanouissement individuel, qu’il n’y a pas à opposer le social et l’économique, au contraire, c’est parce qu’il y aura des salariés bien payés, bien protégés, bien formés et respectés que les entreprises seront compétitives et ça c’est le contraire de ce que pense le libéralisme et parce qu’il y a une autre façon de produire, de répartir les richesses.

OLIVIER DE LAGARDE

Merci Ségolène ROYAL, ancienne candidate à la présidence de la République, invitée de FRANCE

 
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